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wiz Joué par :
[ Information masquée ] Age : 75
Lieu de naisance : Dun Morogh
Sexe : Homme
Race : Nain
Faction : Alliance
Formation : Guerrier
Niveau : 21
Guilde : Ligue des Archivistes (la) Artisanat 1 : Mineur
Artisanat 2 : Ingenieur
Informations hrp : Prikat est un nain encore relativement jeune. Toutefois il porte en lui les caractéristiques d'un fine intelligence. Le regard pétillant et curieux, les manières polies et courtoises, le langage chatié et ourlé, Prikat est un érudit. Il a bénéficié d'une très bonne éducation et nourrit un grand respect pour toutes les races. Musclé et puissant, Prikat est bâti comme un combattant. De long cheveux, une longue moustache et une longue barbe à la couleur de feu lui cache presque entièrement le visage. Prikat arbore un équipement de guerrier bien entretenu, et un nombre invraissemblable d'objets de toute sorte sont accrochés sur lui.
Ère du Conflit [5]
Lune de la Force
Décade du Panda
Décade du Gorille
Décade de l'Ours
Lune d'Agilité [2]
Décade du Tigre
Décade du Singe
Décade du Faucon [2]
Les chroniques de Prikat - 1
- Paradoxe, marmone-t-il en observant la pesante activité d'IronForge.
Depuis la terrasse d'une auberge, dans le vacarme et la chaleur de la ville des forgerons, Prikat porte une ultime fois la chope à ses lèvres.
- Paradoxe, répéte-t-il à haute voix, projetant quelques embruns de bière alentour.
Nul ne sait mieux que lui de quoi il parle. Il n'y a personne en face de lui, du moins personne lui prêtant l'oreille. Aux agressions sonores de la ville, s'ajoute à présent l'entrechoquement des armes des guerriers à l'entraînement. Toutefois, faisant fi de toutes ces distractions, Prikat écarte la chope désormais vide qui occupe sa table, et dépose sur celle-ci du parchemin, un encrier et une plume. L'usage de l'écriture jure tellement avec sa carrure, la lourdeur de son armure, et le poid de ses armes, qu'aucun badaud ne peut manquer de tourner la tête vers lui en passant à proximité. S'appliquant avec soin, les lettres se forment sous sa main sûre :
Paradoxes de l'être
Dure est la douceur d'un instant de présence,
Qui s'envole et s'enfuit comme un bref silence,
Douce est la dureté d'un salut trop martial,
Qu'on voudrait plus enjoué, et pourtant amical.
Faible est la force et brutale violence,
Qui sans but se déchaîne et provoque souffrance,
Forte est la faiblesse d'une larme versée,
A l'amour d'êtres chers par la mort emportés.
Laide est la beauté que renvoit le miroir,
D'un visage présomptueux et sûr de son pouvoir,
Belle est la laideur de l'humble abandonné,
Qui déverse de son âme, gentillesse et bonté.
Sombre est la lumière éclairant les esprits,
Aveuglés par la foi, oublieux de la vie,
Lumineux est le sombre et anonyme gardien,
Qui donne de son être, de sa vie pour rien.
Folle est la sagesse qui décrète les lois,
Soi-disant de bon sens, les suivant sans émois,
Sage est la folie d'un instant d'émotion,
Qui délaisse la rigueur et fait jouir la passion.
Fausse est la vérité, imposée comme raison,
Etablie par un seul, des penseurs la prison,
Vérité est le faux, l'erreur qui fut admise,
La faute pardonnée, car sincèrement commise.
Prikat se redresse, abandonne nonchalament sa plume sur la table et s'empare du feuillet où l'encre est à peine assez sèche, pour le relire.
- Voilà ce qu'est l'être : un paradoxe ! s'exclame-t-il, solitaire.
Nul ne lui prête plus attention. Prikat range ses affaires et dépose sur la table le montant requis pour payer sa consommation. Son activité est si frénétique qu'il ne remarque pas le feuillet qu'il vient d'écrire en train de glisser par terre. Il s'éloigne alors, s'enfonçant avec détermination dans ce choeur dissonnant de rumeurs et de chocs qu'est la cité des nains.
Les chroniques de Prikat - 2
Soumis à la délicate pression exercée par l'oreiller qui lui recouvre le visage, Prikat s'agite. Il croît étouffer et s'éveille en sursaut, rejetant au loin l'agresseur qui s'écrase contre le mur voisin et s'effondre au sol sans le moindre bruit. Le guerrier contemple son forfait. L'oreiller est éventré et quelques-unes de ses plumes voletent encore dans l'air frais de l'auberge de Kharanos. Un sourire indéchiffrable s'empare de sa figure et il se penche vers son sac pour en tirer quelques ustensiles : du parchemin, une plume et un encrier.
Usant de la table de nuit comme support, il rédige sans la moindre hésitation ce qu'il a dans la tête :
Mes trésors, mon trésor.
Si un jour il tombait, en ma quête, un trésor,
Un bibelot étrange, ou une toison d'or,
Dans mes mains maladroites, ce moment de bonheur,
Serait de mes caresses, bercé par la langueur,
Onque ne saurait dire, si j'en suis éperdu,
Mais ce présent serait, un bien très défendu.
Si un jour il tombait, en ma quête, un sourire,
Sur des lèvres entrouvertes, situées au bord du rire,
Par ma bouche ébahie, un long flot de parole,
Tenterait de porter ce long rire à l'envol,
Onque ne saurait dire, si je suis déjà fou,
Mais ce présent serait, pour mon ouïe le plus doux.
Si un jour il tombait, en ma quête, un ouvrage,
Tant nourri de ses pages, tellement doctes et si sages,
Je noierai mon esprit dans la brume du savoir,
D'en connaître les recoins, j'en ferai un devoir,
Onque ne saurait dire, si je suis sain d'esprit,
Mais ce présent serait, ce dont je suis épris.
Si un jour il tombait, en ma quête, une femme,
Embrasé je serais par une prompte flamme,
Mon trésor oublié, serait sien à jamais,
Et un rire cristallin, sur ses lèvres naitrait,
Un ouvrage précieux rejoindrait son giron,
Elle serait l'objet, de toutes mes attentions,
Onque ne saurait dire, si je suis amoureux,
Toutefois, pour le moins, j'en serais très heureux.
Relisant le résultat de son labeur, ses pensées semblent se focaliser sur autre chose. Il range négligemment son matériel d'écriture, boucle son sac, enfile ses bottes et se lève. Sur le pas de la porte, il croise l'aubergiste à l'air inquisiteur. Ce dernier hèle Prikat alors qu'il gravit les degrés de l'escalier :
- Une minute vous ! Qu'avez-vous fait à mon oreiller ?
Prikat hausse ses larges épaules.
- Il m'a attaqué, dit-il avant de continuer son chemin.
Prikat n'entend pas les quelques jurons poussés par son hôte, l'esprit toujours concentré sur son objectif. Aujourd'hui à Ironforge, l'attend l'un des responsables de son ancienne guilde, la Ligue des Explorateurs. C'est aussi pour cette raison qu'un feuillet rempli de vers est lâchement abandonné sur la table de nuit d'une chambre de l'auberge de Kharanos.
Lune de l'Esprit [3]
Décade de la Chouette [2]
Les chroniques de Prikat - 3
- Je suis déçu de te voir rester si loin de nous Prikat.
La déclaration de Samul Strangehands est sincère. Son interlocuteur le sait, mais il se contente de hocher la tête. Les yeux dans les yeux, le mentor de la Ligue des Explorateurs et son élève se murent dans le silence.
- Je sais que les buts de la Ligue rencontre leurs vérités par bien des chemins. Mais les chemins que j'emprunte sont assez différents. Je n'ai pas changé d'avis à ce sujet.
C'est au tour de Samul de hocher la tête. Tout est dit ou presque.
- Alors, j'espère que cette Ligue des Archivistes saura combler tes attentes. Et si nous pouvons nous associer par la suite, j'en serai ravi. Mais tu sais que je ne décide rien.
- Que tu ne veux rien décider.
- Ca revient au même. En outre, il est de notoriété que la plupart des Elfes de la Nuit voient d'un assez mauvais oeil notre recherche du savoir ancien, or, l'ordre que tu décris comporte quelques membres de cette race.
- C'est la raison pour laquelle je ne m'avance pas sur une hypothétique collaboration. Mais quoiqu'il en soit, je préfère leurs méthodes à celle des Explorateurs.
Samul hoche à nouveau la tête en lissant sa longue barbe rendue grise par les années. Inconsciemment, Prikat fait de même avec sa barbe de feu.
- J'ai à faire à présent, reprend l'élève.
- J'ai été content de te revoir Prikat. Que le Marteau du Titan te protège.
Prikat s'incline respectueusement face au vieux vétéran et lui rend son salut dans une formulation identique. Quelques secondes plus tard, il prend congé sans autre forme de procès. Samul est un vétéran de la guerre. Il aime la rigueur et le formalisme. L'enrobage n'est pas sa tasse de thé et Prikat ne l'ignore pas.
Quittant le Hall des Explorateurs, Prikat erre quelques temps dans les rues bruyantes d'IronForge. Il y a bien deux ou trois idées qui lui titillent l'esprit, mais il fait fi. Il a envie de pratiquer un autre art, et quelques têtes troll combleraient largement sa volonté du moment. Rassemblant son équipement, opérant quelques frais, le guerrier-poète se lance dans sa petite expédition. Dans la région de Brassetout, non loin de la cité folle de Gnomeregan, le nain se met en chasse. Il veut profiter de la nuit et le temps d'arriver jusqu'à la position des trolls, celle-ci le couvre de son manteau étoilé. Un peu trop clair à son goût, se dit-il. Mais les trolls son accoutumé à la nuit eux aussi, le seul avantage offert étant la portée limitée du champ de vision.
Quelques cris étouffés se font entendre dans l'obscurité. A l'ombre des pins enneigés, Prikat progresse et élimine une à une les sentinelles. Galvanisé par chacun de ses succès, il s'enhardit un peu plus chaque minute. L'instant grisant où la mort se profile en face de lui sous l'aspect repoussant d'un troll est à chaque fois plus intense. C'est alors qu'il ose pénétrer le coeur du repaire, une caverne située derrière le village. Mais là, une patrouille le suprend. Pris en tenaille entre les occupants de la grotte et la patrouille, Prikat défend chérement sa vie. Il utilise toutes ses connaissances, toute sa force et toute sa ruse, usant parfois de technique douteuse. Mais le nombre à raison de lui. Il ne peut plus ignorer la douleur qui s'empare de son corps affaibli, une douleur qui le paralyse et l'empêche de penser. Instinctivement, son épée repousse un coup mortel mais ouvre sa garde pour en laisser passer un autre. Un éclair passe devant ses yeux et il s'effondre sur un sol frais et rocheux, mais pas gelé comme celui où il se battait. Cette pensée l'effleure avant qu'il ne sombre dans l'inconscience.
Les chroniques de Prikat - 4
Quelques petites claques ont sur Prikat l'effet voulu. Ses yeux s'ouvrent et rencontrent le regard inquiet d'un gnome.
- Où suis-je ? demande-t-il.
- Sur le sol de la caverne, lui répond le gnome.
Position allongée, sol dur et rocheux, un peu frai mais pas gelé, un plafond aux allures de cavité naturelle. Certes, ce gnome ne se trompe pas. Mais Prikat ne peut s'empêcher de penser que la réponse manque de bon sens. Il se redresse. Cette caverne ne ressemble pas du tout à celle dans laquelle il se trouvait avant de perdre connaissance. Et ce gnome ne ressemble pas du tout à un troll. Il n'est pas seul dans ce couloir d'ailleurs. Prikat remarque plusieurs nains et gnomes en armures et en armes, disposés à intervalle régulier.
- Mais dans quelle région du monde suis-je donc ? insiste le nain, persuadé d'avoir quitté la région enneigée de Dun Morogh.
Le gnome l'observe d'un air dubitatif. Est-il donc stupide ? C'est un nain posté à quelques mètres qui lui répond :
- Dans les contreforts d'Hillsbrad, au pied des monts Alterac.
- Alterac ! s'exclame Prikat.
Son cri résonne quelques instants dans le réseau de galerie. Le gnome s'éloigne penaud et sans un mot pour reprendre sa faction. Le guerrier-poète se lève. Il regarde autour de lui puis fixe son attention sur le nain qui lui a parlé. Sa stature et ce nez ne font aucun doute aux yeux de Prikat : c'est un Stormpike.
- Comment et pourquoi m'a-t-on transporté ici ? demande-t-il au soldat Stormpike.
Son interlocuteur hausse les épaules.
- Le voyage a du durer plusieurs heures sinon plusieurs jours, insiste Prikat. Depuis quand suis-je ici ?
- Tout au plus, 5 minutes, affirme le garde.
- Mais qui m'a amené ?
- Personne.
Prikat chancelle. Tout cela n'a pour lui aucun sens. A croire que le Stormpike est aussi "gnome" que le gnome qui lui sourit bêtement, non loin de là. Il maudit le laconisme du garde et s'apprête à prendre congé quand une question étrange lui vient à l'esprit.
- Quand sommes-nous ?
- La nuit du 7 au 8 juillet, une heure après le coucher du soleil, environ.
Le guerrier-poète est étonné de cette précision, tout autant qu'il est étonné de la réponse. S'il en croit le Stormpike, il vient de tomber sous les coups des trolls et de se réveiller ici. Le voyage a été instantanné. De la magie, songe-t-il. Mais à quelle fin ? Pourquoi lui ? Même s'il considère cette expérience comme salutaire et providentielle, elle n'en revêt pas moins un caractère inquiétant.
Peu désireux de refaire la route depuis Alterac jusqu'à Dun Morogh à pied, Prikat sort sa pierre de foyer et la frotte pour activer sa magie. Mais celle-ci, à sa grande surprise, demeure étrangement inerte. Pestant intérieurement contre les aléas de l'art occulte, Prikat fourre l'objet dans sa poche et s'adresse à nouveau au Stormpike.
- Où se trouve la sortie ?
- Hillsbrad à ma gauche, le val d'Altérac à ma droite.
Suivant les instructions du soldat, Prikat a tôt fait de sortir à l'air libre. Devant ses yeux s'étalent les verts paysages d'Hillsbrad, largement baignés de clarté lunaire. Confiant en ses capacités, il s'engage sur le chemin qui le mène à Southshore. Sa connaissance du terrain est purement livresque. Les nombreuses cartes étudiées lors des années passées à la Ligue des Explorateurs lui permettent de s'orienter très rapidement. En revanche, il se méprend sur le danger qui rôde parfois dans ces contrées, et s'en rend compte très rapidement. Après des heures, ses petites jambes ayant plus d'une fois fuient devant la fureur des bêtes sauvages, c'est plus mort que vif que Prikat entre à Southshore. Il n'a guère le loisir de s'ébahir de la beauté du village. Il se traîne jusqu'à l'auberge où un bon repas chaud attend de le réconforter, et un lit douillet de le bercer.
Décade de la Baleine [1]
Les chroniques de Prikat - 5
- Si j'aime ta bière ? Mon bon Hearthstove, tu me fâches. Je t'aurai volontiers aider à convaincre ton ami d'oublier la bière Wildhammer. Ah, cette histoire !
- Crois-moi, même ta verve s'y serait disloquée.
- Ta ta ta ! C'est que tu ne connais pas encore Prikat, mon bon. Je n'invente pas le génie qui me caractérise, et quand bien même, si je l'avais inventé, ne serais-je pas génial ?
A ces mots, les deux nains éclatent de rires et se replongent dans l'exercice délicat et savoureux, et quelque peu éthilique, de la consommation éperdue de breuvage amer que l'on nomme communément bière. A en croire le tenancier des lieux, la meilleure du pays. Rassasiés pour un temps, et n'ayant plus de quoi alimenter leurs chopes, les deux complices de la beuverie s'enfoncent dans leur siège. L'aubergiste est assez proche de s'y endormir tandis que le cerveau embrumé de Prikat commande à ses yeux de regarder par le soupirail. Il fait nuit et un joli clair de Lune illumine le ciel. Pas un seul client dans la salle commune. Le cuisinier à déposé son tablier, et les habitués ont disparu. Même la femme du propriétaire et ses célébrissimes boudins, s'en sont allés.
Rassemblant ses forces, le guerrier-poète se lève et titube jusqu'à une table où il prend lourdement appui, menaçant de la renverser.
- Par le Titan, marmonne-t-il. Cette bière frappe bien plus fort qu'un trogg !
Laissant un innéfable sourire se former sur sa face, le nain s'empare de son sac, met un temps considérable à l'ouvrir, à le fouiller et à en sortir l'objet de ses recherches, son nécessaire à écriture. Il rejoint ensuite sa place, s'écroule dans son fauteuil, et reprend son souffle.
- Bon, finit-il par dire tout en déroulant une liasse de papier vierge.
Combinant une nouvelle fois volonté et effort, il se redresse et se penche sur la table qu'il débarasse d'un geste un peu trop ample. Le fracas de la vaisselle et des chopes vides tombant par terre résonne à ses oreilles comme les cloches d'un temple de la Lumière qu'on aurait frappé à moins d'un mètre de lui. Attendant que le son qui s'est aussitôt atténué dans la salle veuille bien laisser ses appendices auditifs tranquilles, le nain regarde le tenancier assoupi qui ne bronche pas d'un poil. Finalement, l'usage de ses sens lui revenant, il déplit son nécessaire à écriture, prépare sa plume et son encrier et enchaîne, avec une précision telle que personne n'aurait pu penser qu'il est ivre, les mots d'un texte :
Ô Loch.
Ô Loch, sang du Khaz, ici tu mires la Lune,
Et mon coeur est épri, il en trace les runes,
Oncques je ne pourrai oublier dans le reflet des eaux,
Par combien tu es calme, par combien tu es beau.
La nuit te couvre de lumière, autant d'étoiles en ton sein,
S'illumine de ton pouvoir, bien plus vivante dans tes mains,
Le vent doucement ride l'onde, et s'animent ainsi les astres,
Flammes qui dansent dans tes feux, n'annonçant nul désastre.
Bonheur est à mes yeux, dans le tranquille moment,
Dans ta contemplation, dans mon inique engouement,
Pour cette nuit au moins, et jusqu'au lendemain,
Mais dans mon coeur toujours, à jamais dans mes mains.
Epuisé et satisfait, Prikat s'effondre dans son fauteuil sans se relire. Dès que ses yeux se sont fermés, il n'est déjà plus capable de les réouvrir. Il s'endort.
Décade du Lapin
Troisième Ère [6]
Lune de la Force [5]
Décade du Panda [2]
Les chroniques de Prikat - 6
- Non, arrête. Toi ?! J'ai peine à te croire.
- Je te jure, cousin. Tu l'aurais vu, tu aurais été séduit.
L'incrédule interlocuteur de Prikat plisse les yeux, tentant sérieusement de déterminer ce que pense le guerrier-poète. Mais il éclate de rire. Ne s'offensant nullement de la moquerie de son cousin, Prikat se joint à lui. Immédiatement après, les deux nains s'offrent une rasade de Malt Rhapsody et reposent violemment leurs chopes vides, signe, pour le tavernier, qu'il est nécessaire de remettre ça.
- Bon, c'est bien joli ton histoire, reprend le cousin de Prikat, mais tu ne vas quand même pas...
- Hey là ! coupe le guerrier. Tu me prends pour qui ? En outre, j'ai bien vu qu'elle était éprise de quelqu'un d'autre.
- C'est qui ?
- Un humain nommé Thorgen. Un brave petit gars et un bon forgeron pour autant que j'ai pu en juger.
Le cousin s'esclaffe :
- Un bon forgeron ? Te moques-tu de notre peuple ?
- Allons, allons, fait Prikat avec un sourire en coin. L'ai-je jamais comparé à nous ?
L'autre semble réfléchir un moment avant de comprendre la subtile allusion et éclater de rire.
- Un peu de respect toutefois. S'il ne comprend pas toujours ce que je dis, je pense qu'il a le coeur sur la main, cet homme. Quoique, j'ai bien vu à ses regards qu'il me lançait qu'il n'aimait pas le discour que je tenais à sa douce. J'ai peine à croire qu'il pense que je la convoite, mais il n'a pas forcément beaucoup de suite dans les idées. Les humains sont comme les nains, ce sont des gens passionnés. Je comprends sa réaction. Toutefois, il doit croire que je n'ai pas conscience de ça et réagit de façon primitive. Sans doute un préjugé des humains envers notre race.
- Mouais, fait le cousin peu convaincu par la diatribe du génie. Moi j'dis que tu devrais lui montrer ce que tu vaux.
- A qui ? questionne le guerrier, l'air moqueur.
- A...
Le cousin reste bouche bée. Et voyant son air perdu, Prikat lui donne une tape sur l'épaule et riant. Le cousin fait mine de ricaner laissant penser qu'il à comprit la subtilité de la question alors qu'il n'en est rien. Prikat continue :
- T'inquiète pas va. Je m'en sortirai. Les géantes elfes c'est pas pour moi. Mais ça ne m'empêche pas de penser des jolies choses hein ?
- heu... Quel genre.
Prikat fronce un instant les sourcils puis se lève :
- Ecoute ça !
Il se met alors à déclamer :
Un joyau de beauté, comme une perle d'argent,
S'est élévée cette nuit, pour briller dans mon ciel,
Elle avait de la Lune, le regard pénétrant,
Et la grâce des étoiles, à mes yeux la plus belle.
Sous sa peau satinée, palpitait la douceur,
Et son rire, son sourire, ont séduit mon oreille,
Je manque tant de mots, tant elle parle à mon coeur,
Je reste sous le charme, de sa voix sans pareille.
Et je l'ai vu danser, et je l'ai vu chanter,
Nulle autre qu'une déesse, ne pourrait faire si bien,
Captivant l'attention, j'ai vu cette beauté,
Eteindre tous les astres, réduire Elune à rien.
Conquérante de mon feu, ma brûlante passion,
Ce jour et les prochains, elle sera mon soleil,
Que je trouve le verbe de toutes mes sensations,
Pour apprendre à parler à cette belle merveille.
Le cousin de Prikat reste bouche bée. Dans l'intervalle, le tavernier est venu remplir les chopes et le guerrier-poète s'empare de l'une d'elle pour s'en vider la moitié dans le gosier.
- Par le Titan, Prikat, tu m'étonneras toujours.
- Je sais, répond l'intéressé avec un sourire.
Les chroniques de Prikat - 7
Prikat sirote une bière à l'auberge de Goldshire, perdu dans ses réflexions. La veille, il a coupé la tête d'un homme. C'est loin de lui causer le moindre état d'âme. C'est un guerrier, il peut être dur et agir avec sang froid. Et quand il s'agit d'être le bras de la justice, cela ne lui cause aucun souci. Ce qui le tourmente est la manière dont cela s'est passé et les implications de la disparition de cet homme. Si tant est que le véritable Van Cleef ait été tué, car il lui semble déjà entendre des rumeurs à propos d'un remplaçant à la tête de la Confrérie Défias.
On peut être un bandit sans foi ni loi, songe le nain, mais ce n'est pas uniquement pour cette raison que l'on peut être amené à embrasser ce type d'activité. Or, plus il y réfléchit et plus il se dit que Van Cleef était tout sauf un simple brigand. Dans ses mains, il tourne et retourne une lettre trouvée sur le cadavre, une lettre dont il n'a pas parlé à Stroutmantle. Une lettre destinée à l'architecte Alexston de Stormwind. Et puis il y a ces signes qui prouvent que les Défias ne sont pas tous des voleurs ou des assassins, du moins à l'origine. Prikat se souvient de l'anneau du collecteur, récupéré sur le cadavre d'un Défias que la garde de Goldshire lui avait demandé de retrouver. L'anneau de la Guilde des Maçons, de ceux qui ont participé à la reconstruction de Stormwind.
Une ombre furtive se glisse dans le salle commune de l'auberge. Le guerrier-poète lève le nez et observe le nouveau venu... La nouvelle venue. Elle semble avoir voyagé longtemps et la poussière des chemins macule sa livrée de cuir noir. Son visage est à peine visible derrière le foulard et sous le chapeau qui complètent sa tenue. Intuitivement, Prikat sait qu'il s'agit de la personne qu'il doit rencontrer et lui fait signe. Un éclair de surprise passe sur son regard à la fois bleu et glacial. Elle s'approche.
- Un nain ! lâche-t-elle en s'asseyant à sa table.
Prikat sourit et devine quels préjugés vont maintenant animer la conversation de cette demoiselle. Il s'en délecte d'avance, pour en jouer et tromper sa vigilance. Car Prikat sait que beaucoup considèrent les nains avec un certains mépris, les trouvant tout juste bon à remplir et vider des tonneaux, simple d'esprit obtu aimant se battre ou concevant quelques machineries à l'utilité discutable. Si le guerrier admet que certains de sa race ne nourrissent que peu d'ambition pour les arts, les mystères et les intrigues, à moins d'être un Darkiron, ce n'est pas le cas de tous, et c'est loin d'être le sien.
- Qui vous envoie ? lance la visiteuse d'un ton plus bas mais non moins agressif.
- Peu importe, élude Prikat. Il est des informations que mon commanditaire souhaite diffuser et il semble que je suis le mieux placé pour le faire.
Sous son foulard, la femme sourit. Le plissement du coin des yeux de son interlocutrice n'échappe au génie. Il enchaîne :
- Le plan de VC est éventé. L'arme a pris feu. Les délais ne seront pas tenus.
La femme vêtue de noir jette des regards nerveux autour d'elle tandis que Prikat absorbe une rasade de sa chope.
- Pourquoi me dire tout cela ? demande-t-elle. Qui croyez vous que je suis ?
- Quelqu'un qui ne passe pas innaperçue ici en masquant son visage, lance le nain sur le ton de la confidence et avec un sourire narquois.
- Petite raclure, je n'ai pas de temps à perdre.
- Transmettez ! se contente d'ajouter Prikat.
- Quels sont les ordres, alors ?
Le nain plisse les yeux, réfléchissant à toute vitesse à ce qu'il peut dire, tout en donnant l'air de jauger sa correspondante.
- La cible a changé, dit-il dans un souffle.
La femme laisse transparaître une certaine surprise.
- Mais Ther...
Elle ne termine pas, se rendant compte de son erreur. Il est trop tard. Il n'existe pas trente-six villes portuaire dont le nom commence ainsi. Et c'est logique, se dit le nain. Sur 6 cibles majeures potentielles, celle des elfes de la nuit est trop éloignée pour le rayon d'action de l'arme, une menace sur Menethil ou Southshore ne permettrait pas d'exercer assez de pression politique. Il ne restait que 3 cibles. L'élimation des ports francs de Baie du Butin ou Ratchet, ou Theramore...
- Quelle cible ?! demande rageusement la femme en cuir.
- Auberdine, déclare solennellement Prikat.
La femme semble désireuse de dire quelque chose mais son regard se fixe sur la main du nain, celle qui arbore l'anneau caractéristique de l'appartenance à la Guilde des Maçons, prélévée sur le Collecteur et judicieusement conservé par le guerrier-poète.
- Bien, fait-elle, peu convaincue.
Elle se lève et promène un regard circulaire sur ce qui l'entoure avant de tourner les talons et s'éloigner d'un pas rapide vers la sortie. Le sourire du nain s'élargit et il avale ce qui reste dans sa chope. Il écoute d'une oreille distraite les cris de protestation de son interlocutrice à l'extérieur de l'auberge, qui vient de rencontrer, à n'en pas douter, la garde de Goldshire qui l'emmène probablement en prison. Prikat attend que l'affaire se calme et que les innévitables badauds se dispersent avant de se lever et de quitter les lieux. En fouillant ses poches à la recherche des quelques pièces de cuivre nécessaires pour payer sa consommation, il découvre un billet qui ne s'y trouvait pas avant. Il le sort et le déplit, puis en examine l'écriture d'un oeil critique :
"mêle-toi de tes affaires"
Il froisse le papier et le jette dans la cheminée proche. Il paye son dû et s'en va. Une fois dehors, il s'exclame, un peu agacé :
- Par le Titan. J'ai la vue qui baisse !
Il jette un oeil au soldat en charge de l'ordre à Goldshire et échange avec lui un sourire complice. Puis, laissant son hilarité naturelle reprendre le dessus, il s'en va d'un pas décidé vers Stormwind pour poursuivre son enquête. Sur la route, il marmonne en souriant :
- Ah que mes affaires sont vastes !
Décade du Gorille [2]
Les chroniques de Prikat - 8
Son coeur saigne. Il regarde là cette beauté endormie, une beauté qui lui inspire tant de termes mélodieux, tant de verbes embrasés, et de la voir ainsi, désorientée, décontenancée, inquiète, et prête à tout, y compris les pires bêtises pour tenter de s'en sortir, Prikat ressent une terrible douleur. La pensée qu'un tel être puisse être ainsi déchiré le révolte. N'eut été sa bonne humeur habituelle, il en aurait pleuré. Mais le guerrier-poète ne peut ainsi ternir l'image de la perfection faite elfe par des larmes. Au contraire. Regaillardi par l'intention de veiller sur elle et de trouver la bonne marche à suivre, l'empêcher de commettre une erreur, son cerveau bout d'idées. Certaines saugrenues et indignes d'un gentilhomme, d'autre, exprimant tout le génie qui le caractérise.
Oradunn soupire et se retourne dans son sommeil. Le nain ne la quitte pas des yeux et la contemple au point d'en être troublé. Il finit par se ressaisir. Il réfléchit à ce qu'il sait de la situation de Thorgen. Peu d'indice quant à sa disparition. S'il a été enlevé, ce que laisse suggérer la tentative dont Oradunn a été victime, ceux qui l'ont fait on été particulièrement efficaces. L'idée selon laquelle c'est quelqu'un en qui Thorgen a pleinement confiance qui est complice ou simplement responsable de sa disparition est rapidement venu à l'esprit accéré de Prikat. L'idée selon laquelle Thorgen a tout simplement et tout à fait normalement quitté son domicile en oubliant de fermer la porte ne cadre pas avec l'image d'un homme qui se sait traqué par ses pairs. De cela Oradunn lui a livré quelques explications et Prikat craint à la fois pour le guerrier et pour sa compagne. C'est la raison pour laquelle il est là.
Durant la conversation, il a comprit qu'Oradunn essaierait de lui fausser compagnie. Mais même dans ce cas, son génie saurait la retrouver. Mais il est conscient que le laps de temps entre le moment où elle disparaitrait de sa vue et le moment où il pourrait la retrouver grace à sa boussole spéciale, serait sans doute suffisant pour lui être fatal. Aussi a-t-il judicieusement informé le Patriarche en secret, l'enjoignant à l'assister. Ainsi, Oradunn étant si désireuse de veiller sur Arowän, pourra s'y exercer tout en se concentrant sur son problème le plus immédiat : les ennemis de Thorgen.
Alors qu'il médite sur les possibilités et qu'il façonne quelques plans susceptibles de lui servir au moment opportun, il capte une présence dans son dos. Il se lève aussitôt et fait face, hache en main. Autant pour la quiétude du temple d'Elune, se dit-il, Prikat est pragmatique avant tout. Mais il ne sait quoi penser en appercevant une menaçante panthère noire :
- Hum... Demander "qui va-là" à une panthère me ferait sûrement passé pour un imbécile, lâche-t-il pour lui-même. D'un autre côté, que fait une panthère dans un temple d'Elune ?
La panthère abandonne sa forme et laisse apparaître une elfe portant ses atours de voyage recouvert de poussières.
- Prikat, je présume ? dit-elle au nain.
- Si fait, gente dame de la nuit. A qui ai-je l'honneur ?
- Duvnarel Lidakdel. J'ai été envoyée par Arowän.
- Vraiment ?
Duvnarel observe le nain avec méfiance. Elle ne peut voir le symbole qui se cache sur le torse de l'individu, lequel est caché par sa longue barbe de feu. Son regard semble se perdre un instant dans le vide, une caractéristique d'une personne concentrée sur autre chose, quelque chose de mental. Aussitôt après, une voix psychique envahi l'esprit du guerrier-poète.
- C'est Arowän. Mon cher Prikat, je ne peux venir en personne à Darnassus. J'ai une totale confiance en Duvnarel. Fais lui bon accueil.
Le nain laisse un sourire jovial lui déformer le visage, alors qu'il repose sa hache.
- Soyez la bienvenue, gente et belle demoiselle de la nuit, fait-il en s'inclinant.
- Tu peux m'appeler Duvnarel, corrige la druidesse.
Celle-ci s'approche d'Oradunn et observe ce qui a l'air d'un sommeil ordinaire. Elle pince les lèvres et arbore une moue réprobatrice :
- Des ennuis avec Oradunn ?
- Avec le peu qu'elle m'a fait boire, peu de chance, rétorque Prikat en détaillant d'un oeil critique la nouvelle venue. Vous venez de loin on dirait.
- Du cratère d'Un'Goro, complète laconiquement l'elfe. Je suppose que tu dois être fatigué ?
- Je peux veiller, s'empresse de dire Prikat.
- Je n'en doute pas, mais nous autre, elfe de la nuit, vivons la nuit. Même si notre jeune amie s'est accoutumée au rythme des humains, elle pourrait se jouer aisément de vos yeux.
- Moui... Cela dit, elle n'est pas ma prisonnière. Je veux juste la tenir à l'écart des problèmes.
- Saurais-tu la tenir à l'écart d'elle-même en ce cas ?
Le guerrier-poète semble décontenancé par cette remarque. Puis, un large sourire éclaire sa face :
- Alors ça nous promet de longues et plaisantes heures !
Duvnarel laisse un demi-sourire s'afficher sur son visage.
- Dors, Prikat. J'ouvrirai les yeux la nuit, et toi le jour.
Le nain hoche la tête et paraît réfléchir un instant.
- Autre chose, ajoute Duvnarel. Tu devrais retirer ce tabard.
- Pourquoi ça ?
- Parce que ce motifs n'est pas le bienvenu ici, outre le fait qu'il s'agisse d'un bon moyen de se faire repérer.
- C'est pour cela que le Grandissime Patriarche n'est pas venu ?
Prikat défait sa ceinture pour pouvoir oter le vêtement, laissant Duvnarel répondre à sa question :
- Entre autre chose, oui.
Prikat plie avec soin le tabard de la Ligue des Archivistes avant de le ranger dans son sac.
- Voilà qui est fait, belle panthère de la nuit.
Souriant de plus belle à Duvnarel, il s'assied dans l'herbe rase qui tapisse le sol du Temple.
- Vous et l'Ultissime Patriarche... Vous êtes ensemble n'est-ce pas ? demande le génie.
- Ensemble ?
- Comme marie et femme... C'est ce que je voulais dire.
- Selon les normes de ta culture, oui. Il te l'a dit ?
- Non, il a parlé de "totale confiance" à votre égard. Et je crois que j'ai entendu quelques rumeurs à votre sujet, qui s'accorde avec l'humeur de notre Mirifique Patriarche. J'ai remarqué cela surtout lors de notre dernière réunion de la Ligue. Je pense qu'il parlait avec vous par la pensée ou autre chose de ce genre. Le même ton de voix employé à ce moment... Il fallait que je vérifie mon hypothèse.
Duvnarel était étonnée par la perspicacité du nain. Celle-ci jurait tellement avec ceux de sa races qui étaient chez les Pérégrins. Myrdin était quelqu'un de doux et tranquille, rapidement dépassé par les débauches d'émotions. Magdanus, quand à lui, tout en rudesse et en simplicité, il n'aurait su tenir un tel raisonnement ou faire de tels rapprochements. Elle devait admettre qu'elle était impressionnée et que les nains réservaient d'étonnantes surprises encore. Prikat, semblait lire dans ses pensées et se fendit d'un sourire devant le muet compliment.
- Bon, je vous souhaite une bonne nuit, belle panthère à la robe de nuit, comme on souhaite une bonne journée aux miens, il va sans dire.
Duvnarel adressa un sourire au nain exubérant alors que ce dernier s'allongeait, laissant reposer sa tête sur son sac rembouré, la main non loin du manche de sa hache. Elle focalisa son attention sur la respiration irrégulière d'Oradunn, puis laissa son esprit céder à l'instinct primitif de la panthère, une panthère investie de la mission de surveiller Oradunn et de la suivre où qu'elle aille.
Les chroniques de Prikat - 9
Prikat se sentait un peu dépassé. Son éternel optimisme avait sombré quelques minutes. Là, lorsque les hypogriffes de Sadric, Iaorana et Oradunn s'étaient envolés et que le sien l'avait proprement éjecté de son dos, un grand moment de solitude s'était emparé du nain. Les autres hypogriffes semblaient peu désireux de le laisser approcher, et leur maître elfique n'avait pas fait un geste pour l'y aider. En désespoir de cause, il lui restait le bateau, et Prikat se précipita sur le ponton. Mais avant de le prendre, il lui restait un atout et son génie eut tôt fait de le lui rappeler. Il se concentra et propagea ses pensées vers Duvnarel, comme il savait le faire avec les Archivistes :
"Belle dame de la nuit, j'ai perdu Oradunn de vue et je suis dans l'incapacité de la suivre assez rapidement. Elle se rend à Gangrebois, puis à Reflet-de-Lune en compagnie de deux personnes. L'une d'elle est un ami de Thorgen, l'autre, sa compagne. Autre chose, Oradunn a du vous envoyer un objet sur mon conseil. Prenez-en soins."
La réponse aussi laconique que tranchante se résuma à un mot :
"Bien."
Les heures avait passées. Prikat ronge son frein à Darnassus. Ses tentatives pour composer un poème digne d'éloge se soldent par l'arrivée impromptue de quelques vers misérables et douteux sur son parchemin. Il soupire. De temps à autre, il lève le nez vers l'arche d'entrée du Temple d'Elune où il a vécu ces deniers jours en compagnie de celle qu'il était sensé surveiller. Ce n'est jamais que pour y voir passer un ou une inconnue, en général de grande taille. Les siens ne fréquentent pratiquement pas cet endroit. Il n'en est guère surpris. Lui qui aime la richesse de la diversité sait que les nains sont engoncés dans leurs habitudes et leurs canons invariables de l'esthétique. Comment pourraient-il apprécier les beautés de Darnassus ?
Mais voilà qu'un contact mental le sort de sa torpeur contemplative :
"Prikat. Oradunn est en route pour Darnassus. Elle devrait y arriver d'ici quelques minutes."
Le guerrier-poète considère avec une certaine joie cette nouvelle, mais trouve que l'information manque de détails essentiels à sa charge. Il demande :
"Que s'est-il passé ? Pourquoi ne l'accompagnez-vous pas ?"
La réponse, dépasse en longueur, ce à quoi le nain était habitué :
"J'ai une affaire urgente à régler. Tu te souviens qu'Oradunn m'a expédié le Livre sur tes recommandations ? Je vais le récupérer et m'occuper de l'ouvrir. Je ne dois pas reparaître d'ici à ce que j'y parvienne. Je m'occupe également de gérer la relation avec Sadric. Contentes-toi de réceptionner Oradunn quand elle arrivera."
Prikat soupire. Il n'aime pas le ton hautain de cette elfe qui lui donne des ordres, mais quand bien même, il n'aurait pas fait autrement. Il ne répond donc qu'un "oui" strict et hausse les épaules. Cette Duvnarel n'est pas mauvaise de toute façon. Il suppose que, comme beaucoup d'elfe, il est aisé de considérer les autres races avec un certain mépris, surtout si l'on a vécu plus de 10 millénaires. Mais Prikat a toutes les raisons de penser que lorsqu'on a vécu 10000 ans sans rien changer à sa vie durant tout ce temps, on ne peut pas se targuer d'en mériter l'expérience.
C'est alors que lui vient l'inspiration et qu'il couche sur le parchemin, les mots qui s'entremèlent dans son esprit :
Il ne faut point confondre âge et sagesse,
De l'un ne vient pas l'autre, ni prouesse,
Anciens ou jeunes, cultivons faiblesses,
Nul n'a la parole des dieux et déesses,
Quand bien même nous avons, force et rudesse,
La raison de nos gestes, et de nos tendresses,
Ne puise qu'en un coeur, jusqu'à la vieillesse,
Les erreurs de nos jours et de nos liesses,
Qu'enfin soit la valeur et la justesse,
D'un moment de génie en notre forteresse,
Il ne saurait être, que chacun le confesse,
L'absolue vérité de l'ultime sagesse.
Prikat relève le nez de son ouvrage. Satisfait, il attend que l'encre sèche et le range. Il lui semble que la nuit est bien avancée et nulle trace d'Oradunn. Il s'inquiète à nouveau pour la jeune prêtresse.
Décade de l'Ours [1]
Les chroniques de Prikat - 10
Prikat se démene pour réparer ce qu'il estime être la plus grosse bévue de son existence : mettre la vie d'une amie en danger. Il n'a que son génie pour l'y aider, car encore peu entraîné dans l'art du combat, il ne doit sa sauvegarde qu'à la robustesse de ses jambes et à son sens pratique pour échapper aux prédateurs qui l'environnent. Suivant le dispositif qu'il a mis au point, ce qu'il ose appeler une "boussole à Oradunn", il dirige ses pas à travers Ashenvale, son engin pointant le sud, la direction probable de la pièce de cet alliage de sa conception insérée dans la doublure de la robe d'Oradunn à son insu. Il n'est pas particulièrement fier d'être amené à le tester dans de telle condition, mais son idée constitue dès à présent la seule piste sérieuse pour envisager de retrouver Oradunn.
A ces pensées, Prikat se remémore l'enquête qu'il a mené et ce qu'elle l'a amené à déduire assez rapidement. Oradunn enlevée en plein Rut'Theran par un elfe et un démon furieux qui a tué 3 soldats avant de s'enfuir et disparaître en toute impunité. S'il ne savait pas déjà les dangers que recelle ce monde et la cruauté dont peuvent faire preuve certains être, il aurait naïvement pris conscience que le monde n'est pas tout rose. Mais c'est avec un optimisme à toute épreuve que Prikat accomplissait son devoir.
Quelques heures plus tôt, il annonçait les terribles nouvelles au Patriarche des Archivistes, lequel donna quelques conseils et sembla se tenir prêt à intervenir. Mais il n'avait plus donné signe de vie depuis. Prikat se sentait un peu seul quand Duvnarel l'avait contacté. Heureux de pouvoir converser avec la druidesse, il avait appris que celle-ci avançait dans la recherche de Thorgen. Au moins une bonne nouvelle.
Prikat contourne les premiers contreforts des Serres-Rocheuses. Il ne connaît ces lieux que de nom et au travers de quelques descriptions. Il sait qu'il sera rapidement bloqué et espère encore ne pas devoir aller plus loin, car ignorant comment il peut franchir cette véritable barrière de pierre qui lui bouche l'horizon sud. Mais très rapidement, il doit se rendre à l'évidence. L'aiguille de sa boussole continue à indiquer le sud sans la moindre variation et sa progression est littéralement stoppée par les abruptes pentes.
- Par le poil revêche de la Barbe du Titan, s'exclame-t-il.
A l'altitude où il est, il peut observer les alentours et ne distingue aucune voie de contournement possible. C'est une vague immense d'un océan de pierre qui s'élève là et empêche toute progression. Il se morigène de ne pas s'être documenté assez sur la région, mais se dit aussi qu'il ne pouvait guère prévoir qu'il aurait à partir en mission de sauvetage. Finalement, il s'arrête là et se concentre pour atteindre l'esprit de Duvnarel :
- Belle dame à la robe de nuit, j'ai à vous parler.
- J'ai retrouvé Thorgen, lui répond la pensée maintenant familière de la druidesse Duvnarel.
- Et moi j'ai toujours une direction sur ma boussole, mais je suis dans l'incapacité de progresser.
- Où es-tu ?
- Je suis au sud d'Astranaar, perché sur les premiers contreforts des Serres-Rocheuses. Ma boussole continue d'indiquer le sud. Elle est vraissemblablement au-delà de ces monts infranchissables.
- Reste où tu es, nous arrivons.
- Entendu, belle dame de la nuit.
Pour Prikat, la conversation s'arrête là, il le sait. Duvnarel n'est pas quelqu'un de très loquace, ou bien, il n'a jamais eu vraiment la chance de la connaître sous un autre jour. Quelque peu frustré de sa situation, il s'assied sur le rocher et réfléchis, son activité favorite en vérité. Quelques mots somptueux lui viennent en tête et il se prend aussitôt à rêver des exploits de la druidesse et de l'énergie qu'elle déploit pour ses amis. Il imagine qu'il pourrait en faire une geste, ou quelque chose de ce genre. Il laisse encore ses pensées vaquer quelques minutes quand il aperçoit deux grandes silhouettes courir dans sa direction. Il descend de son perchoir, un petite colline, afin de les accueillir.
- Ou est Oradunn ?! commence par dire Thorgen.
Prikat peine à le reconnaître. Il est maigre et risque s'écrouler d'épuisement à chaque geste.
- Bien le bonsoir les amis. Ma petite invention indique toujours le sud, sans la moindre variation.
- Donnes-moi ta boussole, demande Duvnarel.
Mais au moment où le nain tend son engin, il lui est arraché des mains par le guerrier. Ce dernier manque d'ailleurs de le broyer. Le génie n'a pas le coeur à lui faire la moindre réprimande. S'il était à sa place, nul doute que l'impatience, la colère et le désespoir le contraindrait à en faire autant. Thorgen observe l'engin sans pleinement comprendre sa grande simplicité et le tend à Duvnarel :
- Comment ça marche ? Où est Oradunn ?! demande-t-il aussitôt.
- Regardez, dame elfe, dit Prikat en s'approchant d'elle pour lui montrer. Cette aiguille indique une direction. Ne vous préoccupez pas des autres indicateurs.
- J'ai compris. Je te le rapporterais. Mets-toi à l'abri, Prikat, réplique Duvnarel.
Le nain hoche la tête, opposant à l'excitation de ses deux interlocuteurs un exemple de patience et d'assurance.
- Vite ! lance le guerrier en partant vers le sud.
- Prenons le passage des Serres-Rocheuses, commande la druidesse en prenant les devants.
Prikat les regarde s'éloigner en courant. Il se demande comment Thorgen fait pour tenir debout. Il a remarqué les nombreuses blessures ouvertes sous ses vêtement souillé de sang, ce qui lui laisse supposer que de récente plaies et lésions ont été réveillées violemment par les efforts de l'humain. Il a de la peine pour lui, et espère que Duvnarel ne sera pas aussi impulsive que lui dans l'action, sans quoi, ils courrent tout deux à l'échec.
Constatant qu'il n'y a plus rien d'utile à faire ici, Prikat retourne vers Astranaar, puis Auberdine, les pensées aux aguets, prêt à recevoir une bonne nouvelle. Il veillera toute la nuit à l'attendre...
Lune d'Agilité [1]
Décade du Tigre [1]
Les chroniques de Prikat - 11
Le guerrier-poète nain Prikat accomplit ce qu'il estime être son devoir depuis une heure. Son optimisme et sa gaïté naturelle ne parviennent pas à percer le nuage ténébreux qui obscurcit la teneur de la tâche qu'il s'est donné. Il ne compte plus les pauvres ours des chardons victimes de la maladie qu'il a occis et ses vêtements sont maintenant souillés par le sang de ces bêtes autant que par la poussière des chemins. Il s'accorde une pause. Grimpant sur les contreforts montagneux qui séparent Sombrerivage de Gangrebois, il prend suffisamment de hauteur pour dépasser la cime des arbres et apercevoir l'océan. Là, il s'assied et réfléchit. Quelques pensées étranges troublent sa quiétude nouvelle, car il songe à sa rencontre avec Oradunn et la situation de la jeune elfe. Celle-ci ne veut plus voir Thorgen pour une raison qui lui échappe, mais il devine qu'il s'est passé quelque chose de grave durant sa captivité. Car Thorgen, prisonnier lui aussi, au même moment qu'elle, ne peut pas se voir reproché de ne pas avoir été à ses côtés. En outre, il a vu l'état lamentable du guerrier lorsque ce dernier accompagnait Duvnarel à la recherche de la prêtresse. Le nain ne sait trop comment, mais il subodore la réalisation d'un esprit malingre derrière cet état de fait. Mais qui peut engager autant de moyens pour n'obtenir qu'un résultat aussi incertain que la destruction d'un sentiment entre deux êtres. Il eut été tellement plus simple de tuer l'un d'eux. Ou alors, il s'agit là d'une volonté tournée vers le mal par la manipulation, capable de consacrer son temps et son énergie à des actes vils sans la moindre contrepartie. Et dans ce dernier cas, il convient d'accepter qu'il y a eu manipulation.
Dans ses reflexions, il se résume les faits tels qu'il les connaît. Thorgen, par l'intermédiaire de Sadric, entre en possession d'un objet convoité par une tierce personne. Désireux de retrouver cet objet, cette personne, que Prikat nomme X pour l'instant, fait enlever le guerrier des Archivistes. A ce stade, il aurait suffit de voler l'objet en question, mais il semble que Thorgen ne l'ait plus en sa possession à ce moment. Oradunn, désireuse de retrouver Thorgen se met en danger. Elle confit l'objet, qu'elle avait, à Duvnarel qui elle-même le rend à Sadric. Puis Oradunn se fait enlever par un elfe accompagné d'un démon en plein Rut'Theran. Rien n'indique que X et ce ravisseur sont liés. Duvnarel est mise sur la piste de Thorgen et le libère, puis, emprunte la boussole du génie pour suivre la piste d'Oradunn. Selon toute vraissemblance, ils parviennent à la libérer. Puis, Oradunn et Thorgen reprennent apparemment leur vie chacun de leur côté, la douleur d'une séparation en plus. Car le nain n'est pas dupe. Lorsqu'il a vu la prêtresse quelques heures plus tôt il a senti son désarroi émotionnel. En connaître la cause ne semble pas à sa portée dans l'immédiat, surtout qu'Oradunn n'a rien voulu lui dire de ce qui lui est arrivé exactement.
Le nain soupire. Il est évident qu'il ne peut rien déduire de ce qu'il sait. X et le ravisseur elfe sont-ils une seule et même personne, ou, tout du moins, travaillent-ils ensemble ? Que tout cela est confus ! D'autres détails de la rencontre avec Oradunn le rappellent à de plus présentes préoccupations. Il a senti l'intérêt flagrant d'Oradunn pour lui et ne sait pas comment y donner suite sans la blesser. Non seulement profiter de la situation lui paraît particulièrement honteux, mais il n'éprouve rien de plus qu'une féroce amitié à son égard. Comment le lui dire alors qu'il sait qu'il détient là le pouvoir de la consoler des tragiques conséquences de son enlèvement ? Le guerrier-poète voit son génie se heurter à une limite qu'il n'avait encore jamais rencontré. Sa sensibilité est assez forte pour l'empêcher d'accepter la plus logique des attitudes, imaginant, peut-être à tort, ce qu'un rejet pourrait provoquer chez la prêtresse et présumant d'une trop grande fragilité.
- Il est trop tôt pour se prononcer, décide-t-il. Laissons faire les choses. J'aurai à parler à Thorgen avant tôt, pour comprendre les enjeux de ce problème.
Alors que son regard se perd à nouveau dans la contemplation de la Mer Voilée illuminée par les étoiles, une soudaine inspiration vient titiller ses sens artistiques. Il se met dans une position plus confortable, sort de quoi écrire, ainsi qu'une lampe à huile pour s'éclairer. Les mots se forment alors sur le papier à une vitesse sidérante sous sa main habile :
Etoile perdue
Sous ce ciel voilé par les nuages tragiques,
Une étoile égarée est tombée à mes pieds,
Epuisée, éperdue, elle demeurait magique,
Et si pleine de vie qu'on ne l'aurait défiée.
En sourires et paroles j'accueillis cette princesse,
Enchanté par son rire, cette douce musique,
Cette dame du ciel est comme une déesse,
Si gentille et si belle, si tellement magnifique.
A ses côtés ma joie ne connaît de limite,
Et mon esprit entier se fabrique le devoir,
De la rendre joyeuse et de travailler vite,
A lui faire oublier ses moments les plus noirs.
Enhardie par mon feu, elle me fit un cadeau,
De ses doigts délicats, un vêtement très somptueux,
Et pour la remercier, je n'avais que des mots,
Ma petite présence, ainsi que tous mes voeux.
Elle eut assez de force pour regagner son ciel,
Et là-haut je regarde, à présent, pour la voir,
Dans cet espace immense, elle est comme un soleil,
Que je peux contempler, à loisir, chaque soir.
Prikat ne prend même pas la peine de relire son oeuvre. Il souffle sur la page pour assécher l'encre et plit le parchemin avec délicatesse. Il scelle le pli à la cire, écrit le nom d'Oradunn dessus et le range dans son sac. Evitant cette fois de se mettre sur le chemin d'un ours enragé, il regagne Auberdine et poste la lettre, un sourire satisfait aux lèvres.
Décade du Singe
Décade du Faucon
Lune de l'Esprit
Décade de la Chouette
Décade de la Baleine
Décade du Lapin
Quatrième Ère [2]
Lune de la Force
Décade du Panda
Décade du Gorille
Décade de l'Ours
Lune d'Agilité [2]
Décade du Tigre [1]
Les chroniques de Prikat - 12
Rien n'est indestructible, tout comme rien n'est insurmontable. C'est ce que se dit le nain en versant une larme solitaire sur la tombe d'une amie. Personne n'est là pour voir sa jovialité et sa bonne humeur habituelles évanouies, l'espace de quelques minutes, tandis qu'il se recueille sur le petit tas de terre sous lequel repose la dépouille d'Oradunn. Après un soupir à fendre l'âme, il prend une longue inspiration et déclame sa tristesse en ces mots :
Il me faut vous pleurer, belle dame des étoiles,
Car je vous ai aimé, par delà de ce voile,
Celui des différences, que vous sûtes abolir,
Dans votre coeur immense, par vos plus beaux sourires.
Il me faut vous pleurer, belle dame de la nuit,
Vous qui emportez, dans ce jour qui a fui,
Une part de mon âme, une part de ma joie,
Une part de mon coeur, une part de ma foi.
Et il me faut porter, maintenant dans la vie,
Votre bon souvenir, par lequel s'épanouit,
L'image de votre force, des passions, de raison,
Qui seront dans mes pas, mes vibrantes émotions.
Partez avec mes mots, partez avec mes voeux,
Car ce qui fut de vous, illumine mes cieux,
Vous êtes là dans la nuit, comme vous fûtes sur terre,
Une étoile qui chante, au-dessus de la mer.
Ici haut forgez vous, un nid pour vos deux âmes,
Celle qui reste ici et la vôtre, belle dame,
Ici bas, je veillerai à protéger vos ouailles,
Par ma barbe je le jure, je n'aurai point de faille.
Avant de se relever, Prikat extrait une fleur séchée de sa besace et la pose sur le petit tas de terre. Une fois debout, il contemple les alentours, comme si c'était la dernière fois qu'il les voyait. Il ne sent pas venir un chasseur elfe qui s'approche de lui poussé par la curiosité.
- Que fais-tu ici, nain ?
Sans brusquerie, le guerrier-poète se retourne pour lui faire face, un léger sourire triste aux lèvres.
- Je venais rendre hommage à une amie, répond-il sobrement.
- J'ai peine à croire que tu aies des amis ici, réplique l'elfe avec un certain mépris dans la voix.
- C'est bien là tout le problème, je pense, se contente de dire Prikat en haussant les épaules.
La nain réajuste son sac à dos et ses armes, vérifie les sangles de son armure et s'apprête à quitter les lieux quand le chasseur, deux fois plus grand que lui, s'interpose. Le nain lève le nez pour croiser son regard.
- Qui était ton amie ? questionne-t-il rudement.
- C'était une elfe de la nuit. Elle croyait en l'amour, à la vie, à l'espoir. Elle croyait à l'avenir. C'est la raison pour laquelle elle était mon amie, la raison pour laquelle elle était amoureuse d'un humain et la raison pour laquelle elle portait un enfant de lui. C'est aussi la raison pour laquelle elle est enterrée ici, car tout ce en quoi elle croyait mérite d'être insuflé à Teldrassil dans ce geste. Elle s'appelait Oradunn, et sa compassion illumine maintenant les cieux aux côtés d'Elune.
L'elfe observe Prikat d'un regard ferme et dur, sans montrer la moindre émotion. Mais devant la sincérité désarmante du nain, il ne peut que détourner les yeux, affectant de regarder la tombe.
- Vous la connaissiez ? ajoute le petit guerrier.
L'interrogé secoue la tête. Il jette un bref regard à Prikat, dans lequel ce dernier aperçoit une trace de tristesse. Le guerrier-poète élargit son sourire et, contournant doucement le chasseur, se met en route tranquillement vers Darnassus. Il entend les mots prononcés par l'elfe resté sur place :
- Mais je le regrette.
Lorsque le nain, quelques mètre plus loin, lance un dernier regard au lac et au petit tas de terre, le chasseur a déjà disparu. Il reprend sa route et sort de sa poche une lettre froissée. Elle lui a été adressée par un de ses contacts de la Ligue des Explorateurs. Ce dernier lui demande de venir à Ironforge pour l'aider à satisfaire les demandes d'information d'un vieil humain particulièrement insistant, un dénommé Tordal. Son contact est un nain vénal qui ne voit dans cette assistance qu'un moyen de se faire un peu d'argent dans l'accomplissement d'une tâche qu'il est incapable de réaliser seul. Prikat le sait, mais les éléments que recherchent Tordal l'intéressent également. Il sait aussi que la Ligue des Archivistes a plus que jamais besoin de lui et il espère les mobiliser dans ce qu'il se prépare à faire.