Marre de c'te neige, marre du hurlement des loups à vous glacer l'dos et des promenades qui n'en finissent pas entre Gol'bolar et la haute Ironforge.Loch Modan.
Un temps ça va mais là j'en peux plus. Vrai quoi, j'suis Kehlim Ventardif, pas l'premier v'nu ! Le Nid-de-l'Aigle me manque... mais personne doit l'savoir. Comme personne doit savoir à quoi je suis réduit. Entendre mon ventre gémir, mes pieds endoloris et ces haillons pour tout vêtement ! Moi, ma hache usée et mon escopette essoufflée à force de tirer des gravas.
Alors voilà, je pars. J'ai prit cette décision à Anvilmar, sans doute en regardant longuement la plaine, en repensant aux griffons là-bas... 'paraît que l'ptit Sharpbeak serait né. Non, je ne dois pas pleurer.
En r'passant à Kharanos, j'me suis rappelé mes heures à souffrir dans le blizzard, à poursuivre un gringalet d'lapin. Tirer, courir, ne trouver que de la neige. Tirer à nouveau. Courir. Espérer. Au moins, j'étais libre. Je veux encore être libre.
'me faut de l'argent. Des habits aussi, et des armes, des vraies. 'leur montrerait, moi, qui j'suis !
J'aime bien le Loch. Ca m'rappelle chez moi. Mais j'ai vite déchanté. Engagé à la va-vite dans la milice, j'ai risqué mille fois ma vie contre des troggs enragés. Tout ça pour du pain, toujours du pain. Foutu estomac.Menethil, enfin.
J'ai prit l'habitude de boire, que faire d'autre ? J'ai peur. Peur pour ma vie, de périr face à ces saletés, de finir ma vie ici, hanté par cette peur. Mais peur aussi de partir, parce que je pourrais partir.
Les Paluns. Menethil. De là, ça fait longtemps, j'avais regardé l'océan et, même, j'avais cru y voir de l'espoir, oui, une terre pour moi. Mais les nor- les orcs gardent la route : j'ai entendu des histoires terribles. Bon sang, heureus'ment qu'j'ai l'habitude de mentir, je blémissais.
Aujourd'hui encore, j'm'en sors pas trop mal. Pour une fois, mon écuelle est pleine : cette nourriture me dégoûte. J'en viens presque à regretter la neige.
Non, je suis Kehlim, rien ne m'arrêtera. Demain, j'irai à Dun Algaz et de là, Menethil !
A moi la gloire !
Busards de la montagnes, tout nain que vous êtes, que dites-vous de cela, hein ?! Kehlim mercenaire, reconnu pour ses mérites ! J'ai beaucoup bu pour fêter l'événement.
Menethil est plus glauque, plus délabrée qu'à mon souvenir. Pourtant, c'est un lieu agréable pour moi, je n'y ai que de bons souvenirs. Et enfin, j'y trouve un foyer. Une auberge accueillante où mes nouveaux camarades, mes amis déjà, viennent se reposer en parlant d'aventures. Des aventures... j'en ai beaucoup pour eux ! Ils font moins de manières que ces mulets d'Ironforge.
Depuis longtemps je ne m'étais pas senti aussi bien ! Tiens, je n'ai même plus peur de mourir ! L'ivresse, sans doute, la joie de vivre. J'vais m'tenter aux défenses de Dun Modr, qui sait... Menethil, chère ville, tu es la plus belle.
Il ne manque plus que des cris dans le ciel.
J'ai mal. Horriblement mal. A la tête surtout. Pourquoi suis-je parti ? Lisa, oh Lisa ma mère, pardonne-moi ! Laisse-moi te voir une dernière fois !
Maudite Stromgarde ! Avec ses intrigues et sa fourberie, maudite Stromgarde ! Lordaeron ne me réussit pas. Et puis il y a les orcs, nombreux, comme s'ils me traquaient.
La Confrérie m'appelle au sud, en Azeroth. Avec plaisir, je répondrai à l'appel. Que personne ne le sache mais aujourd'hui je ne me sens plus assez fort pour la tâche.
La nuit tombe, ou est-ce moi qui ferme les yeux ? La douleur me consume. Je survivrai ! Je suis Kehlim Ventardif, je survivrai ! Lisa, protège-moi.
Demain, si je vis encore, j'achèterai de la mailles.
L'invincible Kehlim !
Du nord au sud, j'ai fait jaillir ma hache haut dans le ciel ! Du sang, beaucoup de sang, et pas le mien ! Le plaisir de n'être plus la proie !
J'ai parcouru des mines, traversé des marais fangieux, supporté l'atmosphère de Darkshire et même festoyé à Booty Bay ! Mes heures de gloire, quand j'ai foulé les terres foudroyées, l'oeil craintif, mon paquet à la main !
Les souvenirs de Dun Morogh me hantent toujours. J'y retourne parfois, mais les gens ont passé leur chemin. Parfois cependant, on me reconnait, on me désigne du doigt et je les vois rire ! Loups galeux ! S'ils savaient comme j'ai souffert, comme je suis devenu fort.
Mais tous ces voyages suffisent. Mon coeur pleure encore : je n'ai plus le choix. Tout tremblant d'angoisse, avec ma façade de bravache à peine convaincue, je chevauche maintenant en direction de l'Hillsbrad, d'où je compte emprunter l'étroit défilé.
Je cherche des phrases dans ma tête, sans savoir ce que je veux dire. Revoir Kardras peut-être ? Je ne me sens pas prêt. Son regard reste encore ardent dans ma mémoire. Je ne suis pas prêt.
Je vais plutôt me diriger vers l'ouest, vers l'Alterac. Kardras attendra.
Attends-moi, Kardras, je t'interdis de mourir ! Où es-tu, maudit ?! Ne meurs pas, je te veux, ne meurs pas. Ne meurs pas.
Regarde, ton fils est un Wildhammer, honoré par ses frères. Regarde, ton fils est mercenaire, il a perdu sa peur. Bientôt, même, on m'appellera tueur de trolls, tant j'en ai tué à force de combats ! Vois mes blessures, je suis à ta hauteur. Ne meurs pas.
Les maleterres, si loin au nord, me terrorisent. Qui ne le serait pas ? J'ai beau raconter à mes compagnons toutes les chimères que je veux, la vue d'un mort me fait frémir. Heureusement, Toudou est là, brave Toudou. L'ours le plus courageux des Hinterlands.
Alors je fauche des morts, plus aisés à tuer encore que ces fourbes de trolls. Je peux dire à présent avoir vu la mort en face.
Il faut que je retrouve Kardras : il n'aurait jamais dû partir. Pourquoi ? La gloire, la fortune ? N'était-il pas bien aux Hinterlands ? Au camp du Noroït, j'ai retrouvé sa hache : près des blessés. Mais personne n'en a entendu parler. Maudite guerre, maudite Aube d'Argent ! Je retrouverai mon père, que cela vous plaise ou non !
La hache. Où est la hache ?