Une lettre est posée sur la table, dans la maison simple de Ké, à Darnassus. En plein cur du quartier des artisans, il savait déjà qu'après cette lecture, c'est une nouvelle vie qui commencerait pour lui.
« Mon fils, mon cher fils
Il est l'heure. Les esprits de la forêt me font enfin savoir qu'ils me désirent parmi eux. Ce n'est pas triste, cela fait des centenaires que je lutte dans l'espoir de cela. Ne me pleure pas, mais soit plutôt heureux pour ton pauvre père.
Depuis la mort de ta mère, il y a 60 ans maintenant, les choses ont été bien difficiles. Prêtresse au grand cur, tu sais comme moi qu'elle a donné sa vie contre les démons dans l'espoir de protéger la forêt d'Ashenvale du grand mal qui la ronge aujourd'hui. Quand nous vivions à Astranaar, les choses étaient beaucoup plus simples. Sa foi en Elune suffisait à nous rendre heureux, et mon art commercial de la forge suffisait à nous faire vivre.
Puis ce fut le temps de construire et de s'installer à Darnassus. Nous deux, sans elle, avons vécu des moments difficiles, n'est-ce pas ? L'arbre monde n'était pas désiré par les anciens, et la corruption faisait rage sur nos nouvelles terres. C'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui. Nous avons vécu dans la pauvreté, mais nous avions un toit, et assez de nourriture. Pour ma part, la contemplation de cette forêt que j'espérais être notre nouvelle terre suffisait à me rendre heureux. Mais toi Toi, Ké, tu as toujours rêvé de voyages et d'aventures. Il y a eu cette expérience malheureuse, alors que tu étais recruté dans les Sentinelles, où ton courage n'a pas suffit à te décider à répondre aux ordres pour aller vaincre l'ennemi qui faisait rage à nos frontières, entre Ashenvale et les Tarides. Tu as été exclu. Tu as eu raison. Tu étais jeune, et tu ne devais pas mettre en danger une vie qui plus tard, j'en suis persuadé, oeuvrera mieux encore pour le bien de ce monde.
Alors tu es resté près de moi. Ne pas abandonner ton pauvre père pour rejoindre les lieux où se fait la vie aujourd'hui était noble de ta part. Cela dénote un courage bien plus grand que ce qu'en ont jugé les tenants de l'enclave cénarienne. Mais aujourd'hui, Ironforge, Stormwind, et tant d'autres régions t'attendent. Les conflits font rage et n'attendent plus que ton bras pour tourner à l'avantage de notre peuple et de ses alliés.
Je rejoins les esprits, mon fils, et ils me font passer un message pour toi. Suis ta voie, et même notre peuple vers la victoire. Tu es presque un adulte aujourd'hui, il est temps. Je suis encore près de toi.
Elune te protège. »
A l'issue de sa lecture, Ké froissa la lettre écrite des belles lettres de la langue elfique. Il jeta un coup d'il sur le lit. L'épée de son père ainsi que son bouclier étaient là, reluisants. C'était l'ultime don d'un père à son fils, celui qui symbolisait la transmission du flambeau, le passage à une existence nouvelle. Contre toute attente, il ne les prit pas en partant vers sa destinée.