Je regardais le canal, me demandant si ça vallait la peine que je revienne dans cette ville poursuivre mes études des sombres arcanes.
Je ne l'ai pas remarquée tout de suite, cette présence dans mon dos, puis il y eu ce picottement que l'on ressent quand quelqu'un vous fixe, je me suis retournée et elle était là.
Elle me fixait en silence, je la distinguais mal, les passant la traversaient sans même la deviner. Moi je la voyais, plantée là, couverte de son propre sang, en larmes, je la voyais mais surtout je la ressentais, je sentais sa peur, sa douleur, son angoisse, cette souffrance qui ne cesse jamais...
J'ai vu sa gorge, largement ouverte, je lui ai parlé, peu importe qu'on me croit folle en me voyant parler seule, peut être qu'on ne me voit plus moi non plus...
Je pensais qu'elle ne pourrait pas parler, mais elle m'a parlé, elle a demandé mon aide, je ne pouvais pas refuser, quand bien même je l'aurais voulu, je l'ai suivie, je l'ai laissée me guider.
Azina... je ne lui ai pas dit mon nom, mon nom, quel nom? est-ce que je suis toujours Evaneth?
Elle m'a entrainée dans le tramway, là une autre silhouette est apparue à sa suite, un homme qui la suivait, j'ai cru à une autre âme mais Azina n'avait plus de blessure, elle me racontait juste son histoire...
Elle m'a tout montré, tous les sévices qu'il lui a fait subir, j'ai regardé, je l'ai regardé lui, pour pouvoir le retrouver, j'ai regardé les supplices qu'il lui infligeait, il y prennait plaisir, elle me faisait sentir sa douleur et j'étais paralysée, mais je savais ce que j'avais à faire.
Une fois tout ça terminé elle s'est assise et a attendu, je suis partie à la recherche de cet homme, son visage était gravé dans ma mémoire, la douleur est un bon aide mémoire...
Dans la vision d'Azina il partait vers Ironforge, j'y ai donc dirigé mes pas.
Je suis restée près du tramway, ce genre de prédateur a toujours son terrain de chasse favori, celui là allait se casser les dents.
Il ne m'a pas fait attendre longtemps, j'ai pris un air innocent et vulnérable, j'ai senti sa présence, son regard dans mon dos.
Je suis passée sur le quai du tramway, lisant une vieille lettre sans importance pour avoir l'air distraite.
Il s'est approché, il a glissé sa dague sous ma gorge, il m'a fallu un effort pour ne pas sourire à son empressement à se jeter dans mon piège.
Il m'a entrainée dans le tunnel comme il l'avait fait avec Azina, j'ai été plus docile qu'elle, sous un faux air terrifié, j'avançais rapidement, il n'a pas eu besoin de s'énerver. J'étais juste impatiente de lui montrer combien je suis douée pour faire mal, moi aussi...
Il m'a jetée au sol, il a été surpris en me voyant me relever en souriant, plus surpris encore quand ma malédiction l'a frappé, la douleur le paralysant.
Sa surprise est passée rapidement, ensuite il enrageait, il croyait que je lui laisserais une chance d'y échapper et de se venger, il a cru longtemps qu'il réussirait à me tuer...
Je me suis appliquée, je lui ai fait mal là où il lui avait fait mal, avec mes méthodes, il lui avait brulé le visage à un des tuyeaux du tramway, moi j'enflamais ma main. Mes moyens étaient différents mais sa douleur était similaire.
De son masque, j'ai fait un bâillon. Il avait été bourreau, je lui ai fait demander grâce.
J'ai entendu Azina, elle m'encourageait, puis une autre voix, puis dix, puis des centaines, elle criaient ça en devenait presque douloureux tous ces cris d'encouragement. Je continuais de le torturer, absorbant sa force vitale pour qu'il n'ait pas la force de se défendre, de s'echapper.
Je prennais plaisir à le torturer, à voir sa douleur, sa rage, son impuissance le rendait fou, et me réjouissait.
Il avait abusé de sa foce, il avait trouvé le plaisir dans la douleur de ses victimes, il était fier de son oeuvre de souffrance.
Sous mes soins il hurlait de douleur, moi aussi je suis fière de mon don à provoquer cette douleur, ces douleurs aux mille formes.
Mon jeu arrivait à sa fin, j'aurais bien continué mais elles me le réclamaient, c'était à leur tour, ce n'est pas à moi de les tuer, je dois juste les trouver et les leur livrer, c'est comme ça que ça marche...
Je l'ai regardé un dernier instant, observant mon travail, puis j'ai tendu mes mains.
Normalement je vole les âmes de mes victimes pour en faire de jolis cristaux que je livre à mes démons comme des friandises, mais là, ce n'est pas son âme que j'ai attirée à moi, j'ai laissé venir celles qui m'avaient menée à lui, ses victimes.
Les ombres se sont concentrées autour de mes mains, je les sentais affluer en moi, puis elles ont jailli vers lui, se sont infiltrées en lui alors qu'il arrachait son bâillon, profitant de cette ouverture bienvenue, étouffant l'insulte qu'il me réservait.
Elles lui ont fait subir ce qu'il leur avait fait, toutes en même temps, je regardais, fascinée par ce qu'un humain peut endurer, ça n'a pas duré très longtemps, il est mort rapidement, le corps disloqué par ses spasmes, je l'ai abandonné là et je suis partie.
Je me sentais vide, épuisée, mais en même temps j'étais satisfaite, j'y avais pris plaisir et celui là on ne me le reprocherait pas.
Azina est venue me dire au revoir, merci aussi je crois. Elle n'était plus angoisse, douleur et pleurs. Elle souriait plus aucune trace de sévice n'était visible, elle était libérée de sa souffrance et moi je l'enviais, elle a approché sa main de ma joue, partageant un instant son bien être.
Elle m'a libérée une fraction de seconde, puis ce monde m'a reprise...
Elle a disparu, j'ai quitté le tunnel.
Je suis me suis assise sur un ponton, la lune passait près des flèches de la cathédrale.
Je les regardais, la lune et la cathédrale, Elune et la Lumière, tant de monde leur confient leurs vies, leur salut, leurs âmes...
J'en étais à ces consirdération métaphysiques quand tu es arrivé, mon frère, tu m'as trouvée plutôt différente hein?
Tu n'as pas tort, je le suis, je tatonne dans cette nouvelle vie, mais au moins celle là je la commence à tes cotés.
On marchera main dans la main, c'est de bonne augure de ne pas commencer cette vie en te cherchant...
...Aurais-je... l'espoir?...