Le soleil matinal faisait à présent place à un ciel obscur. La haute silhouette, adossée à un vieux chêne, regardait amusée un petit groupe se rassembler devant la taverne de Goldshire. Elle scrutait les visages et les apparences de ces individus suffisamment curieux pour avoir suivi les consignes triviales de l'annonce qu'il avait fait poser quelques jours plus tôt. L'individu observateur se mit alors à douter : "Mais que suis-je en train de faire ? Ces méthodes sont dignes des jeunes races...".
Sans détacher son regard du petit groupe qui commençait à émettre des signes d'impatience, il saisi le vieux bâton noueux qui ne le quittait jamais. A cet instant, les doutes et l'anxiété dispersèrent ; le contact de cet objet séculaire, vieux compagnon d'infortune suffisait à apaiser son esprit égaré en ces terres peu familières.
L'attroupement commençait à montrer clairement des signes d'impatience ; certains élevaient la voix, d'autres trépignaient jurant qu'on ne les y reprendrait plus ! C'est à cet instant que la silhouette se dirigea vers eux d'un pas souple...
La petite assemblée forma naturellement un demi-cercle irrégulier à l'approche de cet individu de grande taille, encapuchonné dans son grand, long et poussiéreux manteau de voyage cousu dans du tissu qui semblait des plus fragiles.
Alors que la majorité fronçaient les sourcils en le jaugeant, il se débarrassa d'un seul geste de son lourd manteau, révélant au yeux de l'attroupement sa véritable nature.
De son regard lumineux il commença son discours, scrutant successivement chaque personne venu l'écouter :
"L'on me nomme Arowän Dreamstrider. Si vous êtes ici en jour, c'est que l'annonce que j'ai faîte circuler ne vous a pas laissé indifférent." Il s'interrompit un instant, dénombrant rapidement les personnes présentes. "Qui parmi vous n'a pas une histoire à nous conter ?" Demanda-t-il en esquissant un sourire face à l'auditoire interloqué.
"Oui, une histoire, celle de votre vie, de votre famille, de votre village, de vos aventures ou que sais-je encore ?! Il existe autant de récits que d'étoiles dans le ciel, nul ne peut les dénombrer. Certaines brillent plus que d'autres, il en est de même pour les récits. Azeroth, notre monde, a subi de grand bouleversement vous n'êtes sans doute pas sans le savoir et cela depuis des siècles...
Vos parents, et tous vos prédécesseurs n'ont eu cesse de transmettre des récits de leurs vies, de leurs découvertes, ou tout simplement leurs témoignages d'événements passés.
Prenez conscience en ce jour que les événements passés dont je parle, qu'elle que soit leur échelle, sont sources de sagesse."
Arowan s'interrompit, laissant le temps à l'auditoire de bien peser ces derniers mots.
Puis il reprit : "Il existe des personnes réunies autour d'un projet commun, visant à parcourir Azeroth, explorant les terres à la recherche de récits du passé : livres, parchemins, tablettes et autres bas-reliefs. Ces personnes retranscrivent, compilent puis archivent ces précieux écrits. Enfin, ils les mettent en lieu sûr et administrent les requêtes de consultation. Ce groupe d'individus soudés se fait appelé la Ligue des Archivistes."
Des chuchotements se firent alors entendre, le Kaldorei reprit aussitôt :
"L'on me nomme Arowan Dreamstrider est je suis à ce jour le Patriarche de la Ligue des Archivistes. Mes compagnons et moi avons fort à faire, car la mémoire d'Azeroth disparaît au fur et à mesure des grands conflits de notre Histoire."
Il baissa les yeux un instant...
"La Ligue n'a pas grand chose à vous offrir, ne vous attendez pas à vivre au quotidien de façon luxueuse... bien au contraire..."
Il releva la tête, fixant de nouveau l'assemblée :
"Mais attendez vous à de l'aventure, à des découvertes extraordinaires et à une complicité sans égale avec vos compagnons si vous décidez de franchir le pas en rejoignant la Ligue des Archivistes".
Arowan ramassa son long manteaux et se dirigea vers la taverne. Se retournant il dit :
"Prenez le temps de la réflexion, et n'oubliez pas que tous sont les bienvenus tel que l'indiquait l'annonce, la Ligue a besoin de braves, forts et déterminés, pas nécessairement érudits car il nous faut trop souvent nous aventurer dans des lieux fort dangereux mais également préserver, sous bonne garde, nos précieuses archives parfois un peu trop convoités !"
S'apprêtant à entrer dans l'auberge il dit calmement, sans se retourner :
"Je séjournerai ici pendant deux lunes." Puis il pénétra à l'intérieur.
Certains discutèrent longuement devant la taverne, d'autres partirent immédiatement faisant la moue, un nain cracha tout en jurant, et une jeune fille armée resta un long moment, songeuse, sur les lieux de cet étrange discours auquel elle venait d'assister.
Une chose était sûre en ce jour pluvieux, d'aucun ne pouvait prétendre ne pas avoir réagi à cette étrange rencontre...