1er Août 2018 3ème jour de la Décade du Lapin ( Lune de l'Esprit ) -
Les Terres de Kirin Tor

Miyawna

Points : 0
Joué par : madmag Joué par : [ Information masquée ]
Sexe : Femme
Race : Elfe
Faction : Alliance
Formation : Druide
Niveau : 42
Guilde :
Informations hrp : Une jeune elfe, tout juste adulte ou pas encore, menue.
Les marques sur son visage sont des cicatrices, trop régulières pour être accidentelles.


Description : Une jeune elfe qui a longtemps été perdue en ville mais qui semble maintenant y avoir trouvé ses marques.
Elle est douce, sensible, souvent craintive bien que courageuse, et surtout très rarement seule, ses amis la couvent comme un trésor précieux, difficile de s'en prendre à elle.
 
Sixième Ère [1]
Lune de la Force
Décade du Panda
Décade du Gorille
Décade de l'Ours
Lune d'Agilité
Décade du Tigre
Décade du Singe
Décade du Faucon
Lune de l'Esprit [1]
Décade de la Chouette
Décade de la Baleine [1]
le vent m'a contée
un barde itinérant parcourt le monde d'auberge en auberge, il y chante ses chansons et quand il est las de chanter et son public parti, il s'assied à une table pour retoucher un manuscrit. Un soir il s'arrête à l'auberge de la forte bière à Thelsamar, au matin il repart mais sur la table il a oublié son manuscrit...

Elune seule sait pourquoi, quand, et si tout cela avait un but.
Fillette tu hantes mes rêves, où as tu disparu? pourquoi ton histoire résonne en moi? Quoi qu'il en soit je la raconterai, je te le promets fillette.


Une famille de kaldoreis parcourait les routes de Teldrassil, un modeste chariot tiré par un tigre , portait un couple et leur enfant à l'arrière.
Ils esperaient faire des affaires et pouvoir améliorer un peu leur quotidien, à l'arrière la petite fille chantait en regardant la route glisser sous ses pieds qu'elle laissait pendre du chariot. La fillette avait une belle chevelure d'un bleu profond comme le ciel d'une nuit d'été, les étoiles qui manquaient au ciel de ses cheveux brillaient dans ses yeux. Elle était le portrait de sa mère et faisait le bonheur de son père, ses sourires illuminaient le coeur de ceux qui la voyaient. Une famille heureuse, un joyeux trio qui avançait sur le chemin.
Soudain, le sifflement d'une flèche, le feulement du tigre qui les tractait, un grognement, le bruit sourd du corps de la bête qui s'effondre au sol, la fillette se retourne et commence à escalader le chariot pour rejoindre ses parents mais un cri la stoppe, son père lui ordonne de se cacher alors elle se blottit au fond du chariot sous une bache et n'en bouge plus. Elle a peur, elle ferme fort les yeux mais elle entend, le sifflement des flèches, un grognement, les cris de ses parents, des coups, un corps qui tombe, deux, trois, le silence...
Non, pas le silence, des pas, des pas s'approchent du chariot, elle retient son souffle, des mains fouillent le chariot, soulèvent la bache, elle garde les yeux fermés, elle se dit que si elle ne le voit pas il ne peut pas la voir.
Mais il la voit, et elle n'y tient plus et ouvre les yeux, peut être que c'est son père... ou sa mère.., elle ouvre donc les yeux et voit un poing lui arriver dessus, un choc à la machoire, douleur, noir...

La fillette revient à elle, elle est toujours dans le noir, elle n'arrive pas à ouvrir les yeux, chaque tentative lui donne l'impression que son visage se déchire. Elle porte ses mains à son visage et rencontre des bandages. Le tonnerre gronde, non c'est une voix, aussi grave et menaçante que le tonnerre " touche pas", elle retire vivement ses mains éffrayée par cette voix. Mais la curiosité est forte, la douleur aussi, ça tire, ça brûle... Elle reporte ses mains à son visage mais la voix tonne à nouveau: " touche pas j'te dis!" et une claque s'abat sur une de ses mains. Résignée la fillette ne bouge plus, elle ose à peine respirer.

La voix tonne à nouveau, la filette frémit.

_ " tu te souviens de ce qu'il s'est passé?"
_ la fillette réflechit un instant " euh.. non... où sont papa et maman? Papa? Maman?"
_ "sont morts", le tonnerre annonce ça froidement, sans précaution.

A tel point que la fillette ne réalise pas la teneur du message et appelle toujours:
_"papa? maman?"
_" sont morts j'te dis! pas là! plus là, plus jamais là te fatigues pas à appeller. T'as de la famille à part eux?"

La fillette ne peut contenir le tremblement de son menton.
_"sais pas"
_" comment ça tu sais pas? ils ont des parents tes parents?"
_"sais pas"
_" arrete de dire que tu sais pas ils en ont ou pas y'a pas de "sais pas" !! tu as des oncles des tantes?"
_ ...
_ " ben réponds"
_" sais p..."
_" je veux plus t'entendre dire que tu sais pas! t'es idiote ou quoi?"
_...

Le tonnerre soupire, la fillette pleure, il lui fait peur, elle a mal, et même pleurer lui fait mal.
_"Bon, voilà une bête vous a attaqués, elle a tué tes parents et elle allait te manger mais je suis arrivé avec mon tigre, on a tué la bête mais mon tigre est mort, toi je t'ai ramenée chez moi, t'as une question?"

La fillette fait non de la tête, trop mal pour penser, trop triste pour arreter de pleurer, trop mal pour pleurer, trop de pensées pour parler...la tête lui tourne, elle a froid, elle transpire, le noir à nouveau.
Quand elle revient à elle, elle sait qu'elle est toujours au même endroit, la douleur sur son visage est toujours là, et cette odeur de bois pourri et de feu de bois, elle entend aussi le souffle du tonnerre...
Elle passera quelques jours dans le noir, un matin elle entendra le tonnerre parler avec une voix féminine, il lui dit qu'il a recueilli la petite et qu'il s'en occupera, l'autre voix semble satisfaite et s'en va. La fillette passera la plus part de son temps assise devant la cabanne qui leur sert de refuge en attendant que son visage guérisse. Parfois elle sent la brise fraiche lui caresser le visage pour la soulager, mais Tonnerre dit qu'elle affabule que la brise ne peut pas passer à travers ses bandages, pourtant elle, elle la sent bien.
Enfin le jour de retirer ses bandage arrive, Tonnerre les enlève, elle peut enfin ouvrir les yeux. Elle est dans la cabanne, une simple pièce, un lit, une cheminée, devant la cheminée la couverture sur laquelle elle dort, un tabouret qui sert de table, pas grand chose en fait. Elle regarde Tonnerre, c'est un kaldorei, il est grand et son visage est aussi dur et terrifiant que sa voix, ses cheveux sont d'un vert sale, emmellés, il la fixe en fronçant les sourcils, est-il faché ou bien est-ce son attitude normale?

_" t'auras des cicatrices mais visiblement tes yeux ont rien, bah t'en sors bien tu pourras chasser"
_"chasser?"
_" bah oui tu crois que je vais nourrir une feignasse? j'te rappelle qu'j'ai perdu mon tigre moi tu vas devoir m'aider"
_" euh mais je..."
_"tu quoi? tu veux pas m'aider? alors que je t'ai sauvé la vie?"
_" sisi mais je sais pas chasser moi"
_" bah t'apprendras tu crois qu'ils font comment les autres?"
_" qui?"

Tonnerre soupire, il se demande s'il a bien fait. La fillette baisse la tête, disparaissant sous la masse de ses cheveux.

*****


Les leçons commencèrent donc. Le tonnerre essaya d'abord d'apprendre à la fillette à manier l'arc, mais le seul arc qu'il possédait était taillé pour lui, la fillette avait des bras trop menus pour réussir à le bander et quand elle y parvennait elle se blessait les doigts en lachant la corde.
L'arc fut donc reservé à son seul propriétaire, la fillette eut un baton, le tonnerre lui expliqua qu'elle devait assomer ses proies avec et l'envoya chasser seule pour apprendre. Il lui donna pour seule consigne de rapporter assez à manger pour eux deux:

_ « C'est pas compliqué, tu mangeras ce que je laisserai alors apporte assez de nourriture pour me rassasier sinon tu te coucheras sans manger. »
_ « Mais... et si je ne trouve rien? »
_ « Si tu trouves rien ça va mal aller!! arretes de trainer et de poser des questions stupides et rapportes à manger!! »

La fillette fila sans tarder, elle n'aimait pas quand le tonnerre se mettait à gronder, il n'avait jamais frappé mais elle devinait qu'il devait faire mal, elle ne voulait pas en avoir la certitude.
Les proies ont beau ne pas manquer à Sombrevallon, la fillette les laissa toutes échapper, et c'est bredouille qu'elle rentra le premier soir. Le tonnerre gronda beaucoup, il cria, vociféra, puis sortit de la viande séchée d'une sorte de garde manger sous son lit. La fillette le regarda manger et quand il rangea les reste de sa viande dans le garde manger elle osa demander:

_ « Et moi?.. »
_ « Toi quoi? »
_ « Euh... Je peux en avoir un peu? J'ai faim. »
_ « Fallait rapporter à manger! Je ne vais pas nourrir plus longtemps une feignante! Chasse et tu mangeras! Maintenant laisse moi dormir et fais en autant, demain tu repars à la chasse. »

La fillette se coucha donc sans manger le premier soir, le second aussi, le troisième aussi car le maigre lapereau qu'elle rapporta ne rassasia même pas le tonnerre.
Puis elle réussi à rapporter plus de nourriture, elle ne mangeait toujours pas à sa faim mais elle ne jeûnait plus.

Un jour elle essayait d'approcher discrètement une biche mais celle-ci semblait sentir sa présence et toujours s'éloigner lentement. La fillette aurait voulu que quelque chose puisse retenir la biche, elle avait tellement faim, cette proie ferait pour une fois un repas convenable pour deux.
Elle fixait la biche en serrant son baton, si seulement elle arretait de s'éloigner...
Soudain la biche se mit à se débattre, elle était clouée sur place, la fillette étonnée vit que les pattes de la biche étaient prises dans des racines, elle profita de cette chance et bondit sur la biche, lui donnant un grand coup de baton. Elle frappa fort pour que l'animal n'aie pas le temps de souffrir, quand la biche s'écroula les racines avaient disparu, mais la fillette trop heureuse de sa prise n'y fit pas attention et emporta l'animal.

Elle s'attendait à des félicitations mais le tonnerre ne semblait pas enclin à les pronnoncer. Il était certes impréssionné par la prise de la fillette mais n'en dit rien, il se contenta de râler parce que la cuisson du diner se faisait longue et qu'il avait faim.

*****


Au cours de ses journées de chasse la fillette prennait le temps de se reposer au pied d'un arbre, elle s'asseyait, adossée contre le tronc et fermait les yeux, s'imprégnant des odeurs et des sons, elle écoutait la forêt, l'arbre la lui racontait. Bien sur quand elle avait dit ça au tonnerre il s'était moqué et lui avait dit d'arreter de perdre son temps.

Ce jour là elle est assise, adossée contre son arbre préféré, sa petite main posée sur la racine comme serrant la main d'un ami, les yeux fermés elle écoute.
Quelqu'un approche et elle ouvre les yeux, elle croit d'abord qu'il s'agit de tonnerre, la même stature imposante, son coeur fait un bond. Mais ce n'est pas lui, quelque chose émane de cet inconnu qui la rassure, peut être son odeur semblable à celle de la mousse sur les arbres, peut être son regard doux et bienveillant.
Il s'aproche et la fillette toujours assise doit lever les yeux pour garder le regard sur son visage.
Il lui sourit doucement, ses yeux se posent un instant sur la main de la fillette serrée sur la racine et son sourire s'élargit encore, illuminant son visage.

_ « Bonjour. » Sa voix est grave mais chaleureuse, elle inspire confiance.
_ « Bonjour. » La fillette est un peu intimidée, elle a noté le regard et pense qu'il va se moquer d'elle comme le tonnerre.
Mais il ne se moque pas, il s'assied avec elle au pied de l'arbre.
_ « Je m'appelle Mardant Strongoak et toi? »
_ « Je suis ... »

*une note dans la marge: filette pourquoi me tais tu ton nom? Tu as peur je le sens... pourquoi? De qui? *


_ « Je suis un druide tu sais ce que c'est? »
La fillette fait non de la tête.
_ « Je sais canaliser le pouvoir de la Nature, elle m'offre le don d'utiliser sa colère pour attaquer ou sa générosité pour soigner. Elle me permet de prendre la forme de certaines de ses créatures pour être plus fort, plus discret, plus rapide. Tu aimerais pouvoir faire ça?»
_ « Oh oui, j'aimerais. »
_ « Tu écoutes souvent les arbres? »
La fillette par réflexe retire sa main de la racine, et regarde le druide, un peu inquiète, pensant qu'il va se moquer. Mais il ne se moque pas, il sourit et poursuit.
_ « Peu de personnes savent écouter, même parmis les druides, les arbres ne parlent pas à tous, mais toi ils t'aiment beaucoup. »
_ « Ah bon? Comment vous savez ça? »
_ « Ils me l'ont dit, ils m'ont parlé de toi, c'est pour ça que je suis venu te voir. Je t'apprendrai à utiliser ce don qui est en toi, tu veux? »
_ « En moi? Vraiment? Je peux? Vous m'apprendrez? »

Le druide hoche la tête à chaque question, souriant toujours et la fillette s'illumine d'un sourire et accèpte toute joyeuse.
Ils conviennent d'un rendez vous le lendemain et elle repart vite à la chasse pour rentrer vite et raconter tout ça au tonnerre.

Les parois fragiles de la cabanne ont tremblé ce soir là, le tonnerre hurlait, la fillette assise parterre, tête basse, attendait la fin de la tempete, non seulement il ne s'était pas réjouit de la rencontre de la journée, mais en plus il lui interdisait de revoir ce druide.

_ « D'accord je... je lui dirai demain que je ne peux pas... »

Elle ne finit pas sa phrase, deux énormes mains viennent de la saisir aux bras et l'ont soulevée du sol pour la secouer.

_ « Tu n'iras pas! Jamais tu m'entends? Tu n'y retournes pas tu chasses et tu rentres! Tu ne parles plus à personne!! »

La fillette gémit, terrorisée, ses bras lui font mal, elle voudrait lui dire qu'il serre trop fort mais elle a le souffle coupé. Il a du prendre son gémissement pour un oui, voilà le sol de nouveau sous elle, il est revenu plutôt brutalement d'ailleurs, ses genoux lui font mal aussi maintenant.
Elle n'ose pas relever la tête, elle reste derrière la protection de ses cheveux bleus. Elle ne l'entend plus, elle ne bouge pas pour autant, elle attend.
C'est seulement quand elle l'entend ronfler sur sa couche qu'elle se glisse à sa place, devant la cheminée et s'endort à son tour.

Le lendemain elle parti chasser et revint sans aller voir le druide. Elle se coucha sans que le tonnerre ne lui ait dit un mot.
Au matin elle fut réveillée par des voix.
Le tonnerre gronde, il semble furieux. Par réflexe la fillette se recroqueville, pusi elle comprend que ce n'est pas sur elle qu'il crie, mais qui alors?
Elle s'approche doucement de la porte de la cabanne, les deux voix viennent de là, devant la porte.
Le druide est là et parle avec le tonnerre.

_ « Vous n'avez pas le droit de la retenir, elle a un énorme potentiel elle fera une grande druide! »
_ « J'ai tout les droits! Cette gosse me doit la vie, sans moi votre grande druide serait au fond d'un estomac alors foutez moi la paix et ne l'approchez plus! »
_ « Lui avoir sauvé la vie ne vous donne pas tous les droits sur elle, elle veut devenir druide laissez la étudier avec moi, ça ne l'empechera pas de chasser. »
_ « Non! Hors de question que vous lui mettiez je sais pas quoi dans l'crâne! Je lui ai interdit de vous revoir! Maintenant disparaissez avant que je m'enerve vraiment! »

Les yeux du druide ont apperçu la fillette dans l'embrasure de la porte. Il s'inquiète de son air craintif.

_ « Tu vas bien? »
_ « Mais oui elle va bien! Viens ici toi! »

La fillette approche, obéissant à la seconde où l'ordre est donné. Le druide remarque immédiatement les bleus sur les bras de la fillette, l'empreinte des mains du tonnerre...
Il pose un regard réprobatteur sur l'elfe qui s'en moque.

_ « Allez laisse nous, druide, on a à faire et la ptite doit aller chasser si elle veut manger ce soir. »

Le tonnerre entre dans la cabanne en poussant la fillette devant lui. Le druide soupire et s'en va, avec la ferme intention de ne pas en rester là.
 
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Décade de la Baleine [2]
Dans la forêt I
Entre deux arbres, deux grands et majestueux arbres, un bébé rose et plein de vie babille en jouant avec une grande feuille.
Il semble seul, un passant en l'apercevant ainsi pourrait le croire abandonné, c'est ce que crut la sentinelle kaldorei qui faisait sa ronde dans cette partie reculée de la forêt.
Elle veut s'approcher mais, dans un froissement de buisson, apparaît juste sous son nez une panthère noire.
Sa première réaction est de se maudire de n'avoir pas été plus prudente et de s'être faite surprendre, puis elle se dit qu'il lui faudra se battre avec cet animal pour défendre sa propre vie ou celle de ce nouveau né.
La panthère n'attaquant pas, la sentinelle y regarde de plus près, elle a l'habitude des animaux sauvages et reconnaît en ce félin l'agressivité retenue d'un parent protégeant sa progéniture.
Son grondement n'est pas une menace, plutôt un avertissement, un conseil: « passe ton chemin ».
Immédiatement son regard se porte sur le bébé, bien rose, potelé, il semble humain, avec peut être quelque chose de trop brillant dans le regard, les oreille pas assez rondes.
En reportant plus attentivement son regard sur le félin qui n'a pas bougé, elle remarque la marque sur son épaule, celle des druides, encore une fois elle se reproche son manque d'observation et de déduction.
Elle s'incline pour saluer l'animal et, après un dernier regard au bébé, reprend sa ronde en s'éloignant. Rien de mal ne peut arriver là où un druide choisit d'élever son enfant, ce coin de forêt est donc bien protégé.

La panthère s'approche du bébé en ronronnant, accueillie par les gazouillis du bébé qui tend les bras vers elle.
L'enfant s'agrippe à deux touffes de la douce fourrure du félin et pousse un petit cri de joie, déjà la silhouette de la panthère s'efface, laissant place à celle d'une kaldorei, le bébé accroché à ses longs cheveux d'un bleu sombre, laissés libres sur ses épaules et son dos.
La jeune mère prend son enfant dans ses bras avec tendresse et lui offre son sein, attentive aux sons de la forêt tandis qu‘il se nourrit, une fois son enfant repus elle s'adosse à l'arbre le plus proche et ferme les yeux, son enfant s'endort rapidement, elle le dépose sur le berceau formé par ses jambes en tailleur, puis elle sort de sous une racine un petit paquet, et de ce paquet un fil brillant qu'elle enroule autour de sa main.
Après un dernier regard à son enfant pour s'assurer qu'il dort profondément elle repose sa main sur la racine en refermant les yeux, le fil brillant à la fois au contact de la racine et de sa main.
Elle se concentre, elle écoute, mais ce n'est pas le chant des oiseaux ou la douce brise qui fait bruire le feuillage qu'elle écoute, c'est le chant de l'arbre, celui contre lequel elle est adossée.
Elle écoute les pulsations de sa sève auxquelles répondent celle de son sang, elle écoute ce murmure indéfinissable qui pour elle est un chant, un discours, elle s'en imprègne pour qu'il passe à travers elle et se communique au Fil, elle essaye d'amplifier ce chant pour que ceux qui sont à l'écoute de ce Fil l'entendent.
Elle sait que beaucoup sont loin, dans des contrées dangereuses, des endroit où il n'y a pas un arbre, où tout n'est que ruines, elle veut leur transmettre son coin de forêt, cette paix qui l'entoure, une petite brise de bonheur pour leur donner du courage.
Rapidement l'exercice l'épuise, elle s'endort contre l'arbre qui veille sur elle, sa main glisse de la racine et le fil brillant tombe sur le sol, à son réveil elle le rangera dans son petit paquet puis sous la racine, plus tard elle le remettra pour savoir si son chant a été entendu.
Pour le moment ma mère et l'enfant dorment, la forêt est paisible, leurs rêves ne sont que chants d'oiseaux, bruissements de feuilles, odeurs de mousses et d'herbe.
Ses rêves à elle parfois sont différents, elle rêve aussi d'un homme, en armure imposante aussi dure et froide que son sourire est doux et aimant, un humain aux yeux verts comme sa forêt, l'homme qu'elle aime, le père du trésor qu'elle couve, celui pour qui elle a peur, celui pour qui son cœur bat, celui qui est loin, au combat, mais pourtant toujours auprès d'elle, dans son cœur.
 
Décade du Lapin [6]
Dans la forêt II
Assise à l'ombre des arbres la jeune elfe regarde son fils se déplacer à quatre pattes sur l'herbe douce.
Elle semble sereine, ses longs cheveux bleus tombent sur ses épaules comme le feuillage d'un saule pleureur, son corps n'est que partiellement couvert par une robe à la mode du Mulgore, aux couleurs de son corps, le rose de sa peau, le bleu de ses cheveux.
Soudain la forêt se fige, les oiseaux se taisent, la brise devient muette et glacée, un nuage voile le soleil.
Un craquement se fait entendre, puis le souffle d'un cheval, la jeune elfe prend son bébé dans ses bras, les oreilles tendues vers le bruit, le nez humant l'air. Elle plisse les yeux puis esquisse un sourire, elle garde l'enfant dans ses bras mais reste assise, elle laisse venir à elle ce visiteur étranger dans la forêt.
Il apparaît seul, son cheval sans doute attaché à un arbre en arrière, il s'avance, écartant les buisson avec précaution, respectant ce sanctuaire où il n'est qu'invité. Il porte une armure de plaques, la poussière qui le recouvre témoigne de son long voyage, quelques mèches de ses cheveux tombent sur ses yeux émeraudes, son regard est sombre, ses traits durs, il semble épuisé mais pourtant il se tient droit, vaillant, comme si rien ne pouvait le mettre à terre.
Elle lui sourit, de tout son amour, de tout son bonheur elle l'accueille par un sourire plus lumineux que le soleil, plus chaud qu'une grande flambée, et un ronronnement presque roucoulant.
Elle garde un bras sous son enfant et tend sa main libre vers l'homme, il semble fatigué, laisse tomber les pièces les plus imposantes de sa lourde armure avant de s'approcher. Lui aussi sourit, il n'ose presque pas s'approcher du si charmant tableau de la mère et l'enfant, mais cette main tendue est une invitation qu'il ne peut refuser, il la prend, s'agenouille pour se mettre à hauteur de l'elfe et l'embrasse tendrement, un long baiser, un baiser pour lui dire combien elle lui a manqué, combien il l'aime, un baiser pour lui dire qu'il l'aimera toujours, qu'il reviendra des enfers pour elle encore et encore.
Leur baiser est interrompu par le gazouillis du bébé, les deux visage de ses parents se penchent sur lui, attendris, attentifs, souriants. Puisqu'il a brisé le silence ses parents peuvent se parler, elle lui dit qu'il lui a manqué, lui demande s'il a faim ou soif, s'il veut quelque chose, sa main libre le câline, le redécouvre, légère, douce, et apprivoise les nouvelles cicatrices; il lui dit qu'elle lui a manqué aussi, terriblement, il ne veut rien, qu'elle, que sa présence, sa douceur. Elle se relève, couche son bébé dans un berceau de mousse puis s'éloigne, intimant l'ordre tendre à son aimé de ne pas bouger, elle disparaît derrière un buisson et il en profite pour s'étirer et évacuer ses restes de fatigue. Elle réapparaît rapidement portant un récipient plein d'eau et un linge, elle pose le tout à coté de son homme et s'attèle à lui faire sa toilette. Il se laisse faire, souriant, lui disant qu'elle en fait trop, combien elle est merveilleuse.
Il sait qu'elle ne le laissera pas l'empêcher, qu'elle tient à le faire pour lui. Elle veut effacer toutes ses souffrances par ses gestes tendres et ses mots doux. Elle ne lui demandera pas la cause des nouvelles cicatrices ou blessures qu‘elle trouve, elle ne lui fera pas part de ses peurs.
Il sait qu‘elle craint de le perdre, elle sait qu‘il sait, ils n‘ont pas envie de parler de ce qui les sépare, seulement de ce qui les unit. Ils se sourient, s'embrassent et le silence retombe sur eux, ils s'étendent dans l'herbe, ils s'étreignent, la tendresse fait place à la passion, leurs corps se cherchent, se trouvent, s'unissent, leurs gémissements et grognements, habitent le silence de la forêt, puis ce sont les ronronnements, les mots d'amour murmurés, répétés.
Le soir tombe.
Leurs corps rassasiés refusent pourtant de se séparer, la jeune mère n'a eu qu'à tendre les bras pour saisir son bébé et lui offrir son sein, tous deux encerclés par les bras de l'homme.
Tous trois restent enlacés, comme pour ne faire qu'un, indivisible, pourtant il devra repartir, elle le sait, il le sait, cette nuit est à eux mais au matin il partira.
Elle ne le retiendra pas, elle lui offrira son plus beau sourire pour lui réchauffer le cœur jusqu'à sa prochaine visite. Il n'y aura pas de reproche, pas de peur, elle lui offre toute sa confiance, tout son amour.
 
Dans la forêt III
C'est une étrange apparition qui se présente aux yeux de la sentinelle.
Elle s'était assise au bord de cet étang pour profiter de son déjeuner avant de reprendre sa ronde et elle vit s'approcher une panthère.
Jusque là rien d'anormal, ce qui a attiré son attention est cette longue écharpe autour du corps de l'animal.
Le tissus semble retenir quelque chose contre le ventre du félin, entre ses pattes.
La sentinelle plisse les yeux pour deviner ce que contient ce paquet et sursaute en le voyant bouger, ce n'est pas tant le mouvement qui la surprend mais la petite main rose qui jaillit, agitant ses minuscules doigts potelés. Elle regarde l'animal qui boit calmement l'eau claire de l'étang, le félin sait forcement qu'elle est là, il l'a sentie, vue, entendue. Elle ne se cachait pas et cet animal est chez lui.
Elle l'observe, cherchant à comprendre pourquoi cet animal transporte un bébé, et comment? Où? Elle cherche un signe sur l'animal, un collier ou quelque chose, elle devine une marque mais l'écharpe la recouvre, elle cherche sur le tissus un indice mais l'étoffe est simple, d'un beau bleu, d'une bonne qualité, solide.
La panthère se redresse et s'assied, elle regarde la sentinelle avec un petit soupir, cette dernière se sent un peu bête, elle se rend compte qu'elle observe l'animal avec des yeux ronds et la bouche ouverte tant sa stupeur est grande.
Elle reprend contenance, toussote et s'imprègne de la dignité due à sa classe.
C'est la panthère qui l'observe maintenant, elle la fixe, sans animosité, ne semblant pas irritée de la petite main qui tire sur ses moustaches. L'animal semble attendre quelque chose de la sentinelle, celle-ci se sent soudain de trop, son déjeuner est avalé et l'heure de sa pause est terminée depuis longtemps, elle se relève et incline la tête pour saluer le félin avant de reprendre sa ronde.

Une fois seule la panthère se transforme et laisse place à une jeune elfe, l'écharpe qui entourait son corps ceint maintenant son buste, elle retient de ses bras le précieux colis alors que le tissus tombe, plus assez tendu pour tenir sur la frêle silhouette. C'était son seul vêtement ainsi que celui de l'enfant, plus rien maintenant ne les sépare de la nature.
L'elfe babille un moment avec son enfant, frottant son nez contre le sien, soufflant sur son ventre pour le faire rire. Les gazouillis et le rire de l'enfant anime les abords de l'étang, le chant des oiseaux y répond, certains même l'imitent et le reprennent en écho. La jeune mère ronronne, l'enfant gazouille. Elle entre lentement dans l'eau, emportant son bébé, et lui apprend à apprivoiser ce liquide source de vie.
L'elfe soutient le nouveau né, elle le laisse flotter librement, veillant seulement à ce qu'il ne coule pas. Elle aussi se laisse porter, elle aime tant le contact de l'eau, comme une caresse, elle se sent légère, elle glisse sa tête sous l'eau, soutenant son enfant à la surface, ou elle l'entraîne avec elle, lui apprenant la confiance, en elle, en l'eau. Elle rit de ses grimaces et le chatouille pour qu'il rie avec elle. Ils s'ébattent longtemps dans l'eau fraîche, loin de tous et de tout.
Puis le chant des oiseaux change, la lumière sous les arbres aussi, le jour décline, la mère et l'enfant regagnent la terre ferme, elle s'enroule de nouveau dans son écharpe en y maintenant son bébé et reprend sa forme féline. Ainsi elle se glisse sans mal entre les végétaux pour atteindre leur refuge pour la nuit. La nuit sera belle, paisible comme toutes les nuits dans ce coin de forêt loin des affres du monde.
 
Dans la forêt IV
Au matin l'elfe remet sa robe de Mulgore, elle enveloppe son bébé dans son écharpe et incante, rapidement la magie de la Nature la transporte au sanctuaire des druides, Reflet de Lune. Quelques maîtres druides la saluent poliment, prennent des nouvelles de l'enfant, puis la laissent poursuivre sa promenade. Elle leur répond avec sa douceur habituelle, s'adressant avec respect aux elfes comme aux taurens, d'ailleurs elle ne fait jamais de différence, ni entre les peuples, ni entre les animaux, ils méritent tous le même respect à ses yeux.
L'enfant regarde autour de lui avec émerveillement, pourtant il connaît ce lieu, il y est né. L'elfe marche quelques temps puis s'approche d'un couple d'elfes, ils l'accueillent d'un sourire bienveillant qui s'éclaire alors qu'elle leur tend son bébé.
Sa voix presque chuchotée glisse entre ses lèvres alors qu‘elle salue ses amis, comme si elle craignait de faire trop de bruit.
L'elfine prend l'enfant avec un millier de précautions, la mère sourit doucement en la voyant faire, l'enfant, ravi, gazouille et essaye d'attraper les cheveux qui passent à sa portée.
La jeune mère quitte son enfant des yeux pour parcourir le lac du regard, ses traits deviennent plus durs, elle frissonne. Elle se tourne vers son ami qui a remarqué son attitude, elle le rassure, lui dit qu'elle va bien, qu'elle a juste peur. Elle leur explique qu'elle sent la peur de la Nature, l'équilibre est menacé, elle le sent. Elle ne sait pas trop comment expliquer ça, elle n'a jamais su et elle a parfois l'impression d'être la seule à avoir ce genre de sensation.
Elle sait écouter les arbres, elle n'a plus rencontré personne qui savait le faire depuis le druide qui l'a initiée enfant.
Elle bafouille une explication puis elle soupire, son sourire léger revient aussitôt, elle couve son enfant du regard. Il est en bonne santé, elle est fière de ce petit être, c'est tout ce qui compte, l'enfant, le reste ne dépend pas d'elle, juste la sécurité et la santé de cet enfant.
Alors qu'elle est dans ses pensées ses amis la détaillent, ses longs cheveux tombent sur ses épaules et son dos, d'aussi loin qu'ils se souviennent ils ne les lui ont jamais vus attachés, quelques feuilles et fleurs sont piégées dans cette épaisse chevelure d'un bleu profond. Son visage est serein, illuminé d'une douce aura quand elle se penche ainsi sur son enfant, ses yeux luisent comme le clair de lune, sa peau est lisse à l'exception des cicatrices qui marquent son visage, imitations d'un coup de griffe, il fait partie des rares personnes à connaître l'origine de cette marque. Une marque qui aurait du la défigurer mais qui n'a fait que souligner les traits de son visage. Son corps est mince, élancé, de même qu'ils n'ont jamais vu ses cheveux attachés ils ne l'ont jamais vue plus épaisse, même enceinte elle était toujours fine, seul son ventre s'était arrondi au fil des mois. Elle porte une robe à la mode de Mulgore dont les couleurs reprennent celles de son corps, elle a toujours été habillées simplement mais avec goût, souvent dans les tons bleus. Parfois elle portait des robes plus sophistiquées mais seulement à de rares occasions. D'ailleurs tous ses amis savent qu'elle préfère ne rien porter du tout.
Ils terminent leur observation par les pieds, nus, l'herbe plie sous elle mais ne s'écrase pas, comme si son respect pour la Nature la rendait plus légère, évaluant à nouveau sa silhouette ils se demandent combien elle doit peser. Elle ne laisse pas de trace dans l'herbe, les brins végétaux se redressent après son passage comme si seulement une brise les avait couchés un instant.
La jeune elfe a senti leur regard et relève les yeux, intimidée par cette inspection, il s'en excuse en leurs noms à tous deux et elle leur sourit derrière le rideau de ses cheveux. Elle fixe son bébé en se tortillant légèrement, son amie le tient toujours dans ses bras, elle remarque son attitude et lui tend son enfant avec un sourire amusé. Elle rougit mais prend son fils sans se faire prier et le presse tendrement contre son cœur.
Bien sûr elle a confiance en son amie, mais elle aime tellement sentir ce petit être contre elle, presque comme quand il était dans son ventre et qu'elle seule pouvait le sentir.
Elle ne s'attarde pas plus, elle salue ses amis et leur confie plein de gentillesse à transmettre à leurs amis communs. Puis elle file, elle installe son enfant dans son écharpe et prend sa forme féline pour pouvoir courir et retrouver son havre de paix au cœur de la forêt.
Elle fuit de plus en plus les lieux habités, elle n'a jamais été très à l'aise au milieu des gens mais depuis qu'elle est mère elle craint la foule, elle ne se sent bien qu'auprès des arbres, elle sait que son fils devra aller voir le monde, se faire des amis, il devra devenir un homme d'ailleurs elle s'inquiète un peu de l'accueil qui lui sera fait. Elle est kaldorei, son père est humain, elle ne s'est jamais sentie plus elfe qu'autre chose mais elle l'est, son fils lui ne l'est qu'à moitié. Elle sait que malgré leur alliance les elfes et les humains souvent se méprisent, ils acceptent d'être alliés mais chacun se croit mieux que l'autre. Elle s'est souvent vue reprocher de fréquenter des humains, ses meilleurs amis sont humainset son amour.
Elle a entendu des humaines dire que c'était une honte qu'un si bel humain aime une elfe. Elle a entendu tellement de choses sur elle quand elle vivait dans la capitale humaine, autant de gentillesses de ses amis que d'atrocités de la part d'inconnus.
Elle se souvient de se vieux druide désagréable, elle savait qu'il était méchant uniquement parce qu'il souffrait, il l'appelait « demi-humaine » il le faisait pour la blesser mais ça ne la touchait pas, elle se moquait d'être elfe, humaine, demi-humaine ou demi-elfe, elle s'en moquait parce que tout ça n'a pas d'importance à ses yeux, mais ça en a pour les autres. Son fils devra vivre avec ces autres, il devra supporter leur mépris ou leurs réflexions. Mais son fils sera fort, son père lui apprendra à devenir fort, elle pour sa part elle lui apprend à écouter les arbres, à respecter la Nature et à vivre au milieu d'elle. Avec la force de son père et la bienveillance de la Nature son fils vivra longtemps et heureux, cette idée lui réchauffe le cœur, elle veut bien subir tous les maux du monde si ça peut lui assurer le bonheur de son fils. Un bruit la fait sursauter et l'arrache à ses pensées, un arbre vient de s'écrouler, le sol vibre encore de l'impact, l'elfe-panthère étouffe un grognement. Elle s'est trop approchée du camp de bûcherons des orcs, ou bien est-ce leur camp qui s'est un peu plus étendu?
Elle accélère l'allure, elle ne veut pas rester ici, trop souvent des affrontements opposent elfes et orcs, elle ne veut pas risquer la vie de son enfant ou la sienne. Elle court, les larmes aux yeux, l'arbre qui a été abattu était plein de vie, il en a brisé d'autres sous son poids en tombant. Elle sent cette vie s'enfuir, elle entend la plainte de ses frères arbres, contre sa fourrure l'enfant se met à pleurer, elle court encore plus vite, les pleurs de son bébé risquent d'attirer l'attention, elle doit fuir, elle a peur, son esprit d'elfe cède la place à celui de la panthère, plus sauvage, à l'instinct plus vif.
Le félin file comme le vent, une flèche qui fend les végétaux, aucun obstacle ne la freine, elle connaît le moindre brin d'herbe, elle ne se laisse pas surprendre. L'enfant s'est tu, comme s'il avait compris la nécessité de son silence.
Elle se fige à l'entrée de la minuscule clairière qui lui sert de maison, une elfe est penchée au pied de son arbre et fouille ses racines. Elle n'a pas entendu arriver le félin. La panthère dévoile ses crocs dans le dos de l'elfe, c'est une jeune sentinelle, celle qui la veille l'a rencontrée au bord de l'étang. Elle flaire son odeur, la sentinelle fouille les affaires cachées sous la racine, quelques vêtements, quelques plantes médicinales, un peu de viande sèche, et le fil brillant.
Le félin défait habilement l'écharpe à l'aide de ses crocs, laissant glisser l'enfant au sol avec douceur, lui abandonnant l'étoffe comme couverture.
Comme une ombre elle se glisse dans le dos de la sentinelle, s'approchant sans bruit sur l'herbe tendre, arrivée tout près d'elle, son souffle presque sur sa nuque, elle grogne, un grondement sourd et menaçant.
La sentinelle bondit avec un cri de surprise, lâchant les objets qu'elle observait.
Elle recule face au félin qui lui grogne toujours dessus, les muscles tendus.
Elle tremble, tendant ses mains devant elle pour se protéger, essayant de calmer le fauve par des paroles douces mais sa voix tremble, elle est terrifiée, elle ne peut quitter des yeux le regard de l'animal et ce qu'elle y voit la terrifie.
La sentinelle finit par butter contre le tronc de l'arbre dont elle fouillait les racines l'instant d'avant. Plaquée contre l'écorce elle tente toujours de calmer le fauve qui avance sur elle, coulant sur l'herbe avec une lenteur inexorable. La sentinelle croit en son salut quand le fauve la quitte du regard pour tourner la tête, L'elfe croit que quelqu'un arrive sûrement pour arrêter l'animal qui doit être le gardien de ce lieu. Mais personne n'arrive, c'est un pleur du bébé qui à détourné un instant le félin de sa proie. La panthère repose son regard sur la sentinelle qui pâlit un peu plus en ne voyant personne arriver. Puis elle regarde mieux le félin et remarque la marque sur son épaule, elle en a appris la signification mais elle ne s'en souvient pas.
Le fauve tourne autour d'elle, quelque chose le fait hésiter mais pas renoncer.
Soudain la mémoire lui revient, un druide! C'est un druide!
Alors elle devrait pouvoir le raisonner, elle s'adresse à l'animal avec le plus de respect que lui permet sa peur. Elle s'excuse d'avoir pénétré ce lieu, fouillé ses affaires, elle en demande pardon. Mais seul un grognement plus fort lui répond, l'éclat du regard du fauve est encore plus assassin, une puissante patte s'élance et frôle la sentinelle qui crie et part en courant. Le fauve se lèche les babines avec une sorte de ronronnement, il revient vérifier que l'enfant est bien installé, il le recouvre avec l'écharpe et le laisse là, s'élançant sur la trace de la sentinelle.
Il ne faut pas longtemps à l'animal pour rattraper la sentinelle, encombrée par son armure et ses armes elle est freinée par les branches basses et les buissons, une racine accroche son pied et elle s'effondre face contre terre, le souffle coupé par la violence de la chute. Le fauve s'approche lentement, la sentinelle supplie, s'adressant au druide, à chaque supplique de l'elfe le fauve grogne plus méchamment.
L'animal vient flairer sa proie qui reste allongée au sol, le visage noyé de larmes, griffé par quelques branches croisées en chemin, emmêlé dans ses propres cheveux.
Dans un élan de bravoure elle dégaine son épée et essaye de tenir le fauve à distance pour se relever. Un éclair brille sur la lame et se reflète dans le regard du fauve. Il bondit à ce signal et referme sa puissante mâchoire sur le poignet de l'elfe qui pousse un cri de douleur en lâchant son arme. Elle tombe à genoux alors que le fauve la relâche et s'éloigne d'un pas ou deux, se léchant les babines avec un grognement satisfait. La sentinelle se tient le bras en pleurant, elle sanglote en demandant pardon pour toutes ses fautes, l'animal ne semble pas l'écouter, il va et vient, lentement, l'étudiant à distance. La jeune sentinelle y voit une chance de partir et tente de se relever mais d'un bond la fauve la plaque au sol, pesant de tout son poids sur la poitrine de l'elfe. Celle-ci essaye de se dégager, tire sur la fourrure de l'animal pour le déséquilibrer mais rien n'y fait, la bête est trop lourde, trop puissante, elle abandonne et laisse retomber ses bras au moment où le fauve lui ouvre la gorge d'un coup de crocs.

Au petit matin la jeune sentinelle sera retrouvée par une de ses sœurs, ses blessures ne laisseront aucun doute sur l'attaque d'un animal sauvage. Ce sont des choses qui arrivent, elle aura une belle cérémonie.
Plus loin dans la forêt une jeune mère se réveille avec son bébé dans les bras, ignorant tout du drame de la nuit passée, la forêt est calme, le cycle de vie et de mort s'est écoulé, rien ne perturbe l'équilibre dans ce coin de forêt, rien. Alors elle se demande pourquoi elle se sent nerveuse et pourquoi elle a ce goût dans la bouche, ce goût qu'elle connaît bien, elle l'a souvent goûté trop souvent
 
dans la forêt V
La journée était belle, la mère et l'enfant s'amusaient sur l'herbe tendre, tantôt elfe, tantôt féline elle réjouissait son bébé de ses tours et de ses taquineries. Le nourrisson nu et gigotant poussait des piaillements de joie et de grands éclats de rire quand la panthère maternelle lui soufflait sur le ventre et le faisait rouler sur lui même en le poussant de la truffe.
Dans son enthousiasme l'enfant voulu attraper une grande feuille, les bords coupant de la plante lui entaillèrent la paume et, alors que le sang se mettait à couler, les rires devinrent pleurs. La féline prévenante et maternelle se mit à le lécher pour le calmer, soignant la plaie par les moyens les plus naturels qu'il soit.

Ce matin là la jeune chasseuse était partie tôt. Elle voulait prouver à tous qu'elle était une bonne traqueuse, ce soir elle ramènerait une proie, ou peut-être un nouveau compagnon. Un fidèle associé pour ses futures chasses, peut-être un loup, ou un félin. Elle hésitait encore, sous pas souple foulant l'herbe, sa silhouette se glissant entre les buissons, l'arc à la main, son carquois battant son dos. Elle ne voulait plus être traitée en enfant, elle voulait faire ses preuves et gagner le respect de tous, oui ils seraient fiers

La chasseuse se fige soudain, des pleurs, des pleurs d'enfant, de bébé. Elle en cherche la source, ce n'est pas loin, elle presse le pas. Brusquement elle le voit, elle retient un cri d'horreur en voyant le bébé, le sang, et ce fauve penché sur lui.
Ce petit être sans défense livré à une bête féroce. Son sang ne fait qu'un tour, elle doit le sauver avant qu'il ne soit dévoré. Elle saisit une flèche dans son carquois, bande son arc, vise le fauve et tire, accompagnant le vol de sa flèche par un cri de rage.
Le félin entend le cri, fait un bond de coté mais la flèche qui visait sa gorge se plante dans sa cuisse, lui arrachant un feulement de douleur auquel fait écho les pleurs plus forts du bébé. La patte ensanglantée et douloureuse l'animal tourne son regard vers l'attaquante, grognant de rage. Lentement elle se place au dessus du bébé, le protégeant de son corps.

La chasseuse peste intérieurement, si elle était restée silencieuse Mais l'heure n'est plus aux reproches elle doit sauver ce bébé, elle voit le fauve le couvrir, il protège son repas se dit elle. Elle encoche une nouvelle flèche, elle hésite, si elle tire et que le fauve esquive, la flèche risque de toucher le bébé, elle doit ruser. Elle choisit de tirer entre les pattes du fauve qui lui fait face, tous crocs dehors. Elle espère qu'il fera un bond de coté à nouveau, elle compte sur sa rapidité pour tirer immédiatement une seconde flèche et cette fois-ci ne pas le rater. Elle prend une grande inspiration, bande son arc et tire. Comme elle l'avait prévu la flèche se plante juste entre les pattes du félin, qui ne bouge pas, elle est décontenancée et la flèche qu'elle préparait pour son second tir lui échappe des mains. Aussitôt le fauve lui bondit dessus, il est rapide mais sa patte blessée le ralentit, la chasseuse n'abuse pas de sa chance et file aussi vite que ses jambes le permettent, elle court longtemps avant de songer seulement à vérifier si elle est toujours suivie.
La féline n'a pas couru longtemps, la flèche plantée dans sa patte lui fait mal et lui fait perdre beaucoup de sang. Elle revient vers son bébé qui cesse peu à peu de pleurer. Elle le lèche et le rassure, il se calme.
La féline laisse place à l'elfe, la flèche est toujours là, plantée dans sa cuisse, son sang couvrant sa jambe.
Elle grimace, pâlit, puis prend son enfant dans ses bras et marche, elle sait où elle doit aller, elle a besoin d'aide. Elle marche droit sur le hameau le plus proche. Elle puise dans toutes ses forces pour tenir. Elle ne peut pas s'évanouir ici, pas avec on bébé, il a besoin d'elle.
Ses pas la portent jusqu'au chemin, le hameau n'est plus très loin, là elle trouvera du secours, il faut qu'elle y arrive. Elle boite de plus en plus, sa jambe lui fait mal, la tête lui tourne, elle laisse une piste sanglante derrière elle

C'est une elfe nue, évanouie, un bébé aussi nu qu'elle blotti dans ses bras, que trouvera la sentinelle en rentrant de sa ronde. Elle ne la connaît pas mais c'est une elfe, qui plus est blessée, elle l'aidera donc. Elle notera ce fait étrange dans son rapport, la jambe de l'elfe, en plus d'être transpercée par une flèche, est emmêlée dans des plantes grimpantes, il a fallu les couper pour pouvoir l'emporter. Elle remarquera aussi la mousse en tapis sur le sol, juste sous les corps de l'elfe et du bébé, mais n'en fera pas rapport.
 
dans la forêt VI
Une petite maison calme, au cœur de la forêt.
Ils sont venus y chercher refuge comme souvent, un peu de calme et de douceur pour reprendre des forces avant de retourner affronter le monde.
Tout y est si paisible, ils peuvent s'y aimer et vivre leur bonheur.
Des coups rapides sont soudain frappés à leur porte, les tirant de leur rêve.
Une sentinelle est venue jusqu'ici chercher la prêtresse, elle la prie de la suivre, il s'agit de sauver la vie d'une sœur.
La prêtresse ne perd pas un instant, une vie est en jeu, son compagnon la suit, inquiété par la nouvelle d'une blessée si loin de tout combat.

La sentinelle les guide jusqu'à une chambre dans une des maisons du hameau voisin. Une elfe y est allongée, inconsciente, son corps est pudiquement couvert d'un drap à l'exception de sa jambe blessée, la flèche n'a pas été retirée, un simple bandage a été posé pour freiner l'hémorragie. Près d'elle un berceau a été placé, le bébé qui s'y trouve pleure à fendre les cœurs des deux amants.
Ils reconnaissent au premier coup d'œil leur amie, la prêtresse s'empresse de prendre le bébé dans ses bras pour le calmer, puis le confie au soins de son compagnon, lui expliquant qu'elle va soigner cette vilaine blessure.
Ce dernier, confiant dans les dons de sa lune, sort de la chambre en emportant le nourrisson. Il le berce avec précaution et entreprend de lui conter quelques histoires pour le distraire et tromper leur attente commune.
De son coté la prêtresse est déjà à pied d'œuvre, la sentinelle restée là est mise à contribution, elle l'aide à retirer les bandages puis la flèche, elles se rendent compte qu'il avait été sage de la laisser, en effet le saignement se fait plus important une fois le projectile retiré.
Une fois la plaie nettoyée, la prêtresse fait appel aux dons d'Elune. Ses gestes sont précis et sûrs, sa voix mélodieuse psalmodie les prières qui s'élèvent comme un chant. Devant tant de grâce la sentinelle n'ose plus bouger et se contente de baisser humblement la tête et garder le silence. Après un long moment les prières et autres soins médicaux arrivent à leur limites et les deux sœurs elfes quittent la chambre en laissant la blessée dormir et reprendre des forces.
La prêtresse retrouve son compagnon fort occupé en plein milieu d'un récit féerique dont chaque mot est bu par le bébé qui ne le quitte pas des yeux.
Attendrie par cette image elle attend un instant avant de signaler sa présence et interrompre la scène charmante. Elle rassure son amour sur l'état de leur amie, et lui annonce que le bébé restera avec eux jusqu'à ce que sa mère puisse s'occuper de lui. Évidemment il est ravi et c'est une prêtresse aux bras chargés d'un bébé, enlacée par son tendre compagnon qui regagne à pas lents et légers la maisonnette refuge de leurs moments intimes.
Les jours suivants furent de nouveau paix et bonheur. Tous les jours le couple passe s'assurer du bon rétablissement de la jeune maman. Tous les jours le petit être né de l'amour illumine leur vie. Ils apprennent à se comporter en parents, ils s'amusent de leurs maladresses et hésitations, s'émeuvent de tous ces moments de tendresse et d'affection que peut donner un enfant, ils rêvent du jour où le petit être qu'ils admireront sera celui né de leur amour.

Au bout de quelques jours la blessée ayant repris assez de forces se vit rendre son enfant.
Elle est ravie de voir ses deux amis, et rassurée de savoir qu'ils ont pris soin de son bébé.
Elle demande ce qu'il s'est passé, explique qu'elle ne se souvient de rien après ce cri qui l'a faite sursauter et cette douleur vive dans sa patte. Elle se souvient d'avoir sombré, s'est crue évanouie. Personne ne se trouve en mesure de compléter les lacunes de son récit. La sentinelle qui l'a trouvée explique comment elle l'a aperçue sur la route. La prêtresse fait remarquer à la mention de la plante enroulée autour de la blessure qu'il s'agit d'une chance, sans cela la pauvre elfe se serait vidée de son sang.
La sentinelle décide de garder la flèche pour mener l'enquête, bien décidée à trouver l'affreux coupable qui a tenté de tuer une jeune mère.
Les deux amis restent auprès de la convalescente, elle se montre pressée de retourner dans la forêt. Ce n'est que face à la douce mais ferme insistance de son amie qu'elle accepte de garder le lit encore quelques jours.
 
dans la forêt VII
La jeune elfe se repose sur le seuil de la maison qui l'abrite pendant sa convalescence. Son enfant dort à l'intérieur, dans le berceau qui lui a été prêté, ses amis rassurés par la promesse qu'elle leur a faite se sont absentés quelques jours pour rêgler des affaires ailleurs, promettant à leur tour de revenir avant qu'elle ne reparte dans la forêt.
Elle regarde s'écouler lentement la vie calme du hameau, les rondes des sentinelles, les habitants qui vaquent à leurs occupations. Ses yeux s'arrêtent soudain sur une elfe, une jeune chasseuse. Elle la suit du regard, elle a l'impression de la connaître mais pourtant elle ne l'a jamais vue. Elle se redresse pour la voir s'éloigner, essaye de fouiller sa mémoire, d'y trouver la raison de ce sentiment de déjà vu.
Une étrange sensation l'envahit brusquement, une rage sourde monte en elle, la tête lui tourne. Un passant la remarque, s'immobilise, abandonnant son occupation pour se préparer à l'aider. Il la voit s'évanouir, son corps tombe lentement, comme au ralenti, comme un arbre qu'on abat. Mais elle ne tombe pas, avant qu'il n'ai pu l'approcher, avant que son corps ne touche le sol, il change de forme, devient sombre, souple, félin.
Le passant reste au milieu du chemin, même s'il connaît des druides et a déjà vu ce type de transformation, il reste fasciné à chaque fois. La panthère plante son regard dans le sien, il frissonne et recule, ce regard ne lui dit rien de bon, il n'est plus celui de la douce elfe qu'il avait déjà croisé. La panthère se détourne de lui en le voyant reculer, elle flaire le sol, cherchant la piste de la jeune chasseuse, avance lentement. Mais elle aussi se met à vaciller, attirant de nouveau l'attention du passant, elle secoue la tête, comme pour chasser un insecte gênant, elle gronde sourdement, s'assied et de nouveau la silhouette fond, elle redevient elfe, assise au sol, un air hébété sur son visage innocent. Elle lève les yeux sur le passant qui la fixe toujours, elle l'interroge du regard, il ne trouve pas de réponse à cette question muette, l'interrogation le désoriente autant que celle qui la lui pose. Il s'approche à nouveau, prudemment comme s'il craignait de l'effrayer, ou que le fauve agressif ne revienne brusquement. Il lui tend doucement la main, elle lui offre la sienne, elle lui semble minuscule, et sa propriétaire si légère quand il l'aide à se relever. Une fois sur pieds elle lui semble toujours aussi frêle et vacillante, elle le remercie et il devine dans le silence qui suit la même question, elle ne la pose pas, elle ne semble pas vouloir entendre la réponse, elle regarde juste la distance entre elle et le pas de la porte.
Il est ému par cette créature, elle semble tombée du ciel, perdue là, elle ne semble pas savoir où elle est, encore moins où elle doit aller. Il voudrait l'aider, la protéger, la prendre dans ses bras et lui promettre que tout ira bien, qu'elle ne doit pas avoir peur. Il ignore de quoi elle a peur, mais il le voit bien, elle a peur, il l'observe, il tient toujours sa main et elle a baissé la tête, ses joues légèrement empourprées, elle regarde sa main prisonnière sans oser la retirer. Il sent son malaise mais il ne veut pas la lâcher, son pouce caresse le dos de cette main si douce, elle frissonne, elle a relevé les yeux et maintenant c'est de lui qu'elle a peur. Il la lâche, brusquement, comme si son regard l'avait frappé, il s'excuse et s'éloigne rapidement, la laissant plantée là, au milieu du chemin.
Elle reste figée, tremblante, son regard cherche la chasseuse là où elle a déjà disparu, puis elle sursaute, les pleurs de son bébé la ramènent à la réalité, au présent, elle rentre rapidement, les pleurs cessent aussitôt qu'elle a disparu dans la maison. Le passant de son coté l'a regardée partir, il a entendu l'enfant, son regard s'attriste, il retourne à sa tache, l'âme lourde de regrets et de « et si? »
Et puis il change d'avis, au lieu de reprendre le cours de sa vie il décide d'en apprendre plus sur elle. Il interroge les habitants, ses voisins, il écoute le récit de son arrivée, il sent son cœur se serrer en entendant la description de sa blessure. Il retrouve la sentinelle, tout le hameau connaît celle qui a amené cette elfe et qui a pris la décision de lui rendre justice. Il se présente à elle, lui dit qu'il veut aider, en fait il veut tout savoir. Elle n'en sait pas beaucoup plus que tout le monde. Elle ne lui apprend rien de plus à part l'existence de ses deux amis, les seules personnes à sembler la connaître. Elle lui indique la maison où ils logent parfois, il y court, il veut tout savoir, il ne veut pas perdre ne seconde. Arrivé à la maison il la trouve vide, il tourne, hésite puis il rentre chez lui.
 
Dixième Ère [1]
Lune de la Force [1]
Décade du Panda [1]
dans la forêt VIII
Il dort mal, ou pas du tout, il pense à elle. Sous prétexte de rendre visite à un ami il passe devant la maison où elle est hébergée, il ralentit le pas, espérant l'apercevoir, elle est là, assise sur le seuil, son bébé dans les bras. Il sourit, fait un pas vers elle, elle le voit et aussitôt disparaît dans la maison, éffarouchée. Il reste au milieu du chemin, les bras ballants, encore une fois son regard l'a foudroyé, un simple regard. Il voudrait s'excuser, pouvoir lui parler, mais il ne sait comment faire si elle le fuit. C'est d'humeur morose qu'il arrive chez son ami, il l'interroge à propos de l'elfe, et n'apprend que ce que tout le monde sait déjà. Il l'interroge ensuite sur les gens qui habitent la petite maison dans la forêt, celle que la sentinelle lui a indiquée. Son ami lui dit qu'il connaît très peu ces gens, il sont aimables mais ne viennent que rarement. C'est décidé il y retournera, c'est sa seule piste.
Sur le chemin du retour il se met à réfléchir, ce bébé est le sien, il a donc un père, mais personne n'a fait mention d'un mari, compagnon, ou autre qui serait le père. Les amis dont a parlé la sentinelle sont un couple, impossible qu'il s'agisse du père. Il se met à rêver qu'elle est une jeune veuve, qu'elle cherchera à refaire sa vie après la fin de son deuil. Il se voit déjà la consolant, soignant la blessure de son cœur. Il rêve tout éveillé, ses pas l'ont porté juste en face de la maison où elle vit, il s'y arrête, elle est là, elle soigne les plantes qui grimpent sur la façade. Elle les caresse et leur parle. Il trouve cela touchant, il sourit. Elle lui tourne le dos, il reste là à l'observer, sur qu'elle ne l'a pas remarqué. Mais elle se retourne, ses cheveux tombent sur son visage et voilent partiellement son regard qui se pose sur lui. Il retient son souffle, il prie pour qu'elle ne fuie pas encore. Elle ne fuit pas, elle reste là, son regard est doux, bien qu'un peu inquiet. Il avance, lentement, un pas à la fois. Elle ne fuit toujours pas alors il ose lui parler. Il la salue poliment, elle répond tout aussi poliment, sa voix est une caresse et il la savoure longtemps avant de reprendre la parole.
Il commence par se présenter, prénom, nom, profession. Elle répond par un simple nom, ou bien prénom, il n'est pas sûr, au début il lui a semblé qu'elle émettait un miaulement. Elle ajoute un diminutif, qu'elle miaule aussi, en précisant que son nom ne peut être bien prononcé que par quelqu'un qui sait miauler. Il trouve ce nom charmant, essaye de le « miauler ». Elle ne semble plus avoir peur de lui alors il se lance dans les questions qui lui brûlent les lèvres. D'abord sur son bébé, il apprend qu'il s'agit de son fils, il apprend son nom qui sonne plutôt humain, il laisse échapper un léger rictus à cette sonorité. Il retient une expression de surprise en apprennent que le père est humain, et une de déception quand elle lui confirme qu'il vit toujours. Quand il demande pourquoi il n'est pas auprès d'elle elle répond simplement qu'il se bat parce qu‘il est un grand guerrier. Quand il demande s'il elle ne se sent pas seule elle répond qu'elle a son fils et la forêt, et que son amour vient la voir souvent. Il manque de s'étouffer quand il s'enquiert de leur mariage et qu'elle lui apprend qu'ils ne sont pas mariés. Il n'arrive pas à croire que cette elfe, si naturelle, si sauvage, si pure, ait pu tomber dans les bras d'un simple humain. Bien sûr il respecte cette race mais il ne veut pas être méprisant mais elle et un humain
Elle remarque sa préoccupation, elle lui demande sans ambages s'il est choqué par cette union. Il ne sait pas quoi répondre, cette question le désarçonne. Elle la lui a posée sans agressivité, juste une légère curiosité. Il se sent honteux d'avoir eu de telles pensées. Il ment, il lui dit que non, qu'il est ravi de son bonheur. Mais son coeur se serre, il voudrait tuer cet homme qui jouit d'un tel privilège. Il parvient à se controler, il dévie la conversation sur la blessure qu'elle a subie, l'interrogeant sur les circonstances de ce drame. Elle n'en sait rien, elle lui répond tout simplement qu'elle ne se souvient de rien.
Il l'entend, il se soule de la mélodie murmurée de sa voix mais il n'écoute pas, les mots coulent sur lui mais ils ne les saisit plus. Son regard brûlant de désir la dévore de haut en bas, s'attardant sur les traits de son visage et sur ses marques particulières.
Mais elle change d'attitude, elle semble se refermer, ses réponses touours polies sont plus lapidaires, ses cheveux glissent lentement sur son visage comme un rideau sur la fin d'un spectacle. Il sent son fort interieur se révolter contre ses cheveux qui le privent de cette si douce vision, il tend la main pour les écarter mais elle ésquive et, bredouillant une excuse, se réfugie dans la maison. Il est dévasté, elle l'a encore fuit.
Il rentre chez lui, l'âme lourde de tout ce qu'il n'a pu lui dire.
 
Décade du Gorille
Décade de l'Ours
Lune d'Agilité
Décade du Tigre
Décade du Singe
Décade du Faucon
Lune de l'Esprit
Décade de la Chouette
Décade de la Baleine
Décade du Lapin