1er Août 2018 3ème jour de la Décade du Lapin ( Lune de l'Esprit ) -
Les Terres de Kirin Tor

Malheur

Points : 0
Joué par : Malheur Joué par : [ Information masquée ]
Age : 25
Lieu de naisance : Forêt d'Elwyn
Sexe : Homme
Race : Humain
Faction : Alliance
Formation : Voleur
Niveau : 60
Artisanat 1 : Alchimiste
Artisanat 2 : Herboriste



Description : Il est des événements qui font basculer le levier du destin avec la froideur des neiges de Kharanos.

Ce jour là, Joseph, encore adolescent, terminait une promenade entreprise tôt le matin. C?est son bonheur : arpenter à pied les chemins, les sentiers pour sentir les odeurs des herbes, des animaux, apprécier l?éclat des fleurs, ou ramasser quelques plantes médicinales.
Il se faisait tard à présent, la nuit s?était posée sur la forêt. Il fallait trouver un abri pour la nuit et la cahute dont les chandelles clignotaient doucement au loin semblait toute indiquée.

Marchant bruyamment pour indiquer qu?il n?était pas animé de mauvaises intentions, le jeune s?approcha de la chaumière. Hélà les occupants qui devaient, à cette heure, souper d?un brouet d?oignons comme souvent en cette région.
Un bruteau, rable et tané par les travaux des champs entrabailla la porte pour y gueuler un « c?est quoi ? » qui s?étrangla rapidement dans le gosier du fermier. La porte clap, des pas s'activent...

L?agitation convulsa la maisonée qui en recracha sa douzaine de gaillards qui armés de faux, qui de couteaux à dépecer ou encore de ciseaux à tondre.
- « Malheur ! Malheur !! rejeton dé zenfers pou?quoi viens tu troubler encore ceux qui souff?ent de la perte eud?ta mère », s?exclama un vieillard tordu comme un pied de vigne, édenté et aveuglé autant par la cataracte qui le rongeait que par la haine surnaturelle qui l?animait à cet instant.
A peine eut-il repris son souffle qu?il crachait déjà « Mes fils, arrachez lui ses tripes ».

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Joseph reprenait ses esprits dans une odeur douceâtre et piquante qui lui faisait tourner la tête tout autant qu'elle semblait le réconforter.

En ouvrant des yeux douloureux, il commençait à percevoir les strates de roches qui forment les murs de la maison troglodytique où "on" l'avait abrité.
L'odeur à présent trouvait son origine. Des fioles et des alambiques, des distilleurs et de filtres de cristal hérissaient un atelier maculé d'une substance gluante.

- "Et ben moufflet, tu peux dire que t'en as fait une chute... " et la vieille de partir d'un rire qui semblait un peu forcé à Joseph.

La chute en question commencait à émerger d'un brouillard qui relâchait doucement ses rets de l'esprit du jeune homme.

Lorsque le vieil homme avait lâché sa meute sur lui, Joseph avait filé droit devant lui. Il connaissait bien les bois et sa seule chance était de se réfugier au plus vite sous la cascade qui s'élancait non lui d'ici.
Les branches de la végétation sur le bord du chemin lui avaient découpé le visage, modu les bras et déchiré ses vêtements, mais le saut de la rivière était en vue et sans réfléchir il se coula dans l'eau glaciale et noire, se laissa porté par elle. Il sentit l'arrête qui définissait le point de départ de la chute et..

... se réveilla ici, chez la faiseuse de potions.

- "Tiens bois ça gamin, ça pue l'crevé mais ça retaperait un macab'"...


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Au contact de sa langue, le liquide sembla se transformer en une myriade de petits vers gesticulants en tout sens pour trouver un chemin dans ses muqueuses. Les démangeaisons furent telles, que Joseph plongea illico sa main dans sa bouche pour en retirer la vermine.
Mais la désagréable sensation ne dura qu'un instant, l'effet de la potion lui succéda. La vision du jeune homme s'éclaircit, sa tête sembla s'emplir d'un air frais pourtant improbable dans cette caverne moussue.

La vieille savait ce qu'elle faisait, elle contempla résultat de sa potion avant d'adresser un sourire satisfait à son patient. Elle s?approcha ensuite du jeune et lui appliqua un morceau de lin mouillé sur le front. Elle le regardait dans les yeux, d?un regard étrangement maternel :

"Malheur, t?aurais pas dû revenir dans les parages. Qu?est-ce qui t?est donc passé dans la tête ? »

Joseph se répondit pas. Son visage se figea exprimant autant l?incompréhension qu?un choc qui remontait en vibrant le long de ses tripes jusqu?à sa gorge. L?effet de la potion ou les mots de la vieille ?

« Malheur » le mot? non ! le nom résonnait dans ses oreilles. Toute l?histoire s?imposait maintenant à lui comment avait il pu oublié ?

« Je suis Malheur, treizième et dernier fils de la ferme Kalwertz. » s?écria-t-il. La grotte lui renvoya l?écho de son cri comme pour en confirmer la véracité.
En naissant, il avait emporté sa mère en la vidant de son sang. Le goût chaud et métallique du sang de sa mère lui revenait en bouche.
Il paraît qu?il est impossible d?avoir des souvenirs de ses premières heures de vie, mais si Malheur les avait enfouis pendant des années, ces souvenirs aujourd?hui revenaient plus précis que jamais.

Son père tout d?abord, qui l?arrache aux bras rustres de la sage-femme et qui le jette dehors, lui criant que sa mère l?avait nommé « Malheur, puisque c?est le seul mot qu?elle lui adresserait jamais» et que ça serait sa malédiction tout au long de sa vie.
Puis le froid qui l?avait pris quand il avait été jété dehors.
Et puis la créature étrange qui sentait la mort et qui l?avait pris sans ménagement et emmené à Northshire où il avait finalement grandi curant les chevaux et nettoyant l?auberge ou les sols l?église.